- Définition et histoire de l’inflation
a) Définition
L’inflation est une hausse globale des prix sans hausse des salaires suffisante pour compenser. Les ménages voient leur pouvoir d’achat baisser.
Source : INSEE
https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1473
L’inflation est un danger pour les populations. Elle doit être maîtrisée avant qu’elle ne dégénère en hyperinflation et ne soit hors de contrôle.
C’est le rôle des Banques Centrales de réguler l’inflation dans leurs zones géographiques respectives. La Banque Centrale Européenne (BCE) pour l’Europe, la Réserve Fédérale Américaine (FED) pour les Etats Unis ou encore la Banque d’Angleterre (BoE). Il existe une Banque nationale pour chaque Etat à quelques exceptions près. Cependant, certaines Banques ont plus de poids que d’autres.
Ci-dessous une liste parmi laquelle figure les plus grosses Banques Centrales du monde.
Source : MATAF.
https://www.mataf.net/fr/forex/edu/apprendre-le-forex/apprendre-forex-9-banques-centrales
En zone Euro par exemple, la BCE et la Banque de France ont un objectif d’inflation à 2% par an, c’est-à-dire que leur rôle est de contenir l’inflation à 2% par an dans la zone qui est sous leur autorité. Ce qui signifie que si vous avez 10000 euros de dépenses chaque année, l’année suivante, pour le même panier vous dépenserez 10200 euros et ce de façon permanente chaque année puisque ce sont les plus hautes autorités financières qui contrôlent cette inflation et considèrent les 2% d’augmentation comme étant optimale.
Pour en savoir plus : http://www.lafinancepourtous.com
Afin de la mesurer, ces mêmes autorités se basent sur l’indice des prix à la consommation harmonisée (ICPH) pour la Banque Centrale Européenne et l’indice nationale des prix à la consommation (ICP) pour la Banque de France.
L’ICPH est l’indicateur permettant d’apprécier le respect du critère de convergence portant sur la stabilité des prix, dans le cadre du traité de l’Union européenne (Maastricht).
Source : INSEE.
https://www.insee.fr/fr/metadonnees/source/indicateur/p1654/description
Source : Le site officiel de l’administration française (service public).
https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A15404
Cet indicateur (ICPH) est une harmonisation des méthodes de calcul des diverses inflations au sein de l’UE. Car suivant la méthode de calcul, l’on n’obtient pas les mêmes taux d’inflation. Ce qui est logique car d’un ménage à l’autre, la consommation est différente. Si vous comparez deux ménages dont l’un fait 1 plein d’essence par semaine et l’autre 1 par mois, si le prix de l’essence augmente, l’inflation pour le premier ménage sera beaucoup plus élevée que pour le deuxième. Ainsi, les taux d’inflation annoncés par les autorités sont toujours à prendre avec précaution car ils se basent sur des calculs d’ensemble qui ne refléteront pas forcément la réalité pour chaque foyer suivant son type de consommation.
b) Histoire de l’inflation
Selon ce site internet :
Source : France-inflation.com
https://france-inflation.com/index.php
https://france-inflation.com/inflation-depuis-1901.php
Les prix ont été multiplié par 2600 environ depuis 1901. Depuis 1990, nous avons obtenu une inflation de 47% environ pour une augmentation de salaire de moins de 20%.
Source : INSEE.
https://www.insee.fr/fr/statistiques/5351312#titre-bloc-6
Comme l’indique l’Insee, le salaire net a progressé de 13,1% entre 1996 et 2018.
En résumé, le pouvoir d’achat des Français est en nette baisse depuis 30 ans et la tendance ne semble pas prête à s’inverser au vu des crises majeures que nous traversons (Coronavirus et guerre Russo-Ukrainienne).
Pour citer quelques exemples d’inflation :

Entre 1990 et 2016, en France, l’alimentation a pris 48% d’inflation
L’énergie a pris 82% d’inflation et les services 73%. Sans compter le tabac qui a pris 425% d’inflation.
Pour faire le parallèle avec l’international, les Etats Unis ont eu un taux d’inflation annuel record en 2021. Un taux de 7,9%, bien loin des 2% conseillés par la BCE par exemple.
De même que pour l’Europe, les Etats Unis ont vu leur inflation exploser à la hausse depuis les 30 dernières années.
https://fr.tradingeconomics.com/united-states/consumer-price-index-cpi
En 30 ans, l’indice des prix à la consommation Américaine a presque triplé.
Quant aux salaires, ils n’ont pas beaucoup évolué d’après cet article.
https://www.cairn.info/revue-de-l-ires-2012-2-page-151.htm
On remarque donc que l’inflation semble mondiale et s’est intensifiée avec l’essor de la mondialisation.
2) Les causes de l’inflation
Plusieurs causes sont possibles.
La plus connue, débattue et dangereuse est la baisse de la valeur des monnaies fiat, c’est-à-dire les monnaies nationales comme l’euro ou le dollar.
Ce phénomène fait l’objet de débats chez les économistes car certains considèrent qu’il n’existe pas et d’autres qu’il est la principale cause de l’inflation.
Dans tous les cas, si l’on prend ce phénomène en compte, il serait dû à l’impression excessive de la monnaie par les gouvernements et les Banques Centrales.
Comme l’indique cet article, les Etats et les Banques Centrales ont la possibilité d’injecter de nouvelles liquidités monétaires sans création de richesses correspondantes.
En temps normal une Banque doit disposer de compensations comme de l’or par exemple avant d’imprimer une nouvelle vague d’argent. Ceci permet de créer une relation saine entre l’économie réelle du pays et l’argent en circulation. Si l’on crée de l’argent sans contrepartie, il y a alors un déséquilibre qui peut avoir de fâcheuses conséquences selon cet article.
On peut se demander pourquoi les Etats et les Banques prendraient un tel risque. Il y a plusieurs raisons : l’Etat diminue sa dette publique, les taux d’intérêts restent bas et l’exportation est avantagée grâce à la baisse de la valeur de la devise du pays concerné.
Outre la politique monétaire des Banques Centrales, les autres causes de l’inflation peuvent être liées à des facteurs extérieurs, comme les guerres ou les pénuries de matières premières causées par des problèmes de production ou des événements géopolitiques. Ces facteurs extérieurs peuvent n’impacter qu’une seule denrée ou qu’un seul type de produits comme l’électronique ou l’alimentaire. Dans ce cas, l’inflation est restreinte ou localisée dans un domaine spécifique facilement identifiable et des contremesures peuvent être mises en place rapidement pour éviter que le feu ne se propage.
Nous connaissons tous des exemples d’inflations localisées. L’essence, le gaz et l’électricité sont des énergies qui ont vu des augmentations de prix record ces dernières années. Avant même la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Généralement, le prix de l’essence est lié au cours du pétrole. En 1973 par exemple, l’Arabie Saoudite décide d’imposer un embargo sur ses exportations vers les Etats Unis. Le prix est ensuite multiplié par 4. C’est le fameux choc pétrolier, la fin des Trente glorieuses d’après-guerre et une inflation record sur l’essence sans que personne en France ne puisse rien y faire.

Un autre exemple d’inflation localisée : les composants électroniques.
Comme l’indique l’article ci-dessus, la crise du coronavirus a entraîné des retards de fabrication et cela a impacté toute la chaîne de production des appareils électroniques dans le monde.
Pour être précis, les cartes graphiques indispensables au minage de cryptomonnaies et aux ordinateurs de compétitions (dédiés aux logiciels 3D et aux jeux vidéo) sont introuvables en ce moment, ou disponibles à des prix faramineux allant jusqu’à 3 ou 4 fois les prix initiaux.
Ces composants électroniques sont l’exemple parfait d’une inflation liée à une crise internationale et amplifiée par la mondialisation.
En résumé, l’inflation est soit due à une politique monétaire désastreuse : Surendettement de la dette publique et mauvaise gestion financière qui conduisent à une utilisation excessive de la création de monnaie sans richesses réelles associées.
Soit à des facteurs géopolitiques extérieurs comme des guerres, une augmentation de la demande par rapport à l’offre, de la concurrence déloyale, des retards de production, etc…
3) Les conséquences de l’inflation
a) Les conséquences positives
Une inflation à 2% par an est considérée comme une inflation optimale de la part des Banques Centrales.
– Elle permet aux entreprises d’anticiper la hausse des prix. Cette anticipation permet de réduire les incertitudes et donc de favoriser les investissements de la part des entreprises.
– Une inflation de 2% par an incite les gens à sortir l’argent de leurs comptes en banque afin, soit d’investir, soit de consommer. Dans le cas contraire, les épargnants sont forcés de voir la valeur de leur argent fondre au fur et à mesure des années.
– Les Banques Centrales étant rassurées quant à leur mainmise sur la politique monétaire, elles n’ont pas à restreindre les accès aux crédits. Les particuliers comme les entreprises seront plus enclins à demander des crédits et à réinvestir cet argent dans l’économie ou dans les actifs financiers (titre ou contrat permettant à son détenteur de gagner des revenus en échange de risques).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Actif_financier
– Une inflation trop faible ou négative (déflation) entraînerait une pause dans les activités des investisseurs qui seraient avides d’attendre de meilleurs prix sur les marchés. Une déflation pourrait donc paralyser l’économie du pays comme le décrit si bien la Banque Centrale Européenne dans mon lien ci-dessous.
https://www.ecb.europa.eu/home/search/review/html/price-stability-objective.fr.html
b) Les conséquences négatives
Mal contrôlée, l’inflation peut devenir néfaste et se transformer rapidement en hyperinflation.
– Dégradation de la compétitivité des produits nationaux par rapport à ceux de même qualité, faits à l’étranger. Les gens auront tendance à acheter moins cher à l’étranger, les entreprises Françaises auront moins d’activité et seront forcées de licencier, augmentant par la même occasion le taux de chômage.
– Incertitude au niveau des prix. Une inflation devenue incontrôlable fait peur aux investisseurs.
– Une trop forte inflation diminue le pouvoir d’achat des Français et pousse à la révolte sociale (Gilets jaune de 2018).
Pour en savoir plus : http://www.lafinancepourtous.com
Pour mieux illustrer mes propos et les conséquences d’une inflation durable, prenons l’exemple de certains pays traversant une crise économique sans précédent.
Le Venezuela.
Autrefois grand producteur et exportateur de pétrole, le Venezuela est en crise depuis plusieurs années. Le pétrole du Venezuela étant un pétrole lourd, il coute plus cher car exige de plus gros moyens pour l’extraire et le raffiner. Le marché étant devenu plus compétitif, les importateurs de pétrole se sont tournés vers d’autres sources d’or noir aux prix plus attractifs. Le problème, c’est que le Venezuela, trop confiant dans son or noir a reposé 90% de son économie sur lui. Les conséquences de la crise ont été désastreuses. Le PIB a chuté de 80% et les autorités financières Vénézuéliennes ont fait tourner massivement la planche à billets pour compenser et financer les dépenses publiques. Le bolivar s’est très rapidement dévalué à tel point qu’en 2021, le gouvernement a décidé d’enlever 6 zéros à la devise nationale. En tout, depuis 2008, le bolivar a perdu 14 zéros. La monnaie est devenue si dévaluée que des enfants jouent avec les billets dans les rues.
https://fr.euronews.com/2021/10/01/venezuela-face-a-l-hyperinflation-la-monnaie-allegee-de-six-zeros
Le Liban.
Pour en savoir plus : http://www.lafinancepourtous.com
Ce pays connait l’une des plus graves crises économiques mondiales. Les causes : une explosion de la dette et une politique monétaire désastreuse comme l’indique l’article ci-dessous.
https://libnanews.com/la-banque-du-liban-enterine-la-politique-de-la-planche-a-billet/
La politique monétaire du Liban est à 70% la cause de leur crise économique. Les autorités financières du Liban ont fait tourner la planche à billets pour compenser leur déficit public et créer de l’argent sans réelles richesses correspondantes. Résultat, la livre libanaise a perdu 92% de sa valeur par rapport au dollar en 2 ans et la population subit l’hyperinflation.
On remarque dans les deux cas de figure (Liban et Venezuela) que l’endettement des finances publiques a joué un rôle majeur dans l’hyperinflation et la dévaluation catastrophique des devises nationales. Pour la simple et bonne raison que l’inflation est bénéfique aux Etats endettés. La hausse des prix conduit à faire baisser la valeur réelle des dettes publiques. Ainsi, les Etats surendettés ont tout intérêt à provoquer l’inflation pour voir leurs dettes diminuer.
De plus, en temps normal une Banque Centrale n’est confrontée à aucun obstacle budgétaire pour atteindre son objectif de stabilité des prix. On appelle cela la dominance monétaire.
Mais en temps de crise, une Banque Centrale voit l’Etat en danger de solvabilité et son objectif prioritaire n’est plus de ramener l’inflation à 2% mais juste de contenir l’inflation. On parle alors de dominance budgétaire et l’inflation qui est normalement considérée comme transitoire devient permanente ou plus longue.
C’est exactement ce qui s’est passé au Liban et au Venezuela, l’inflation est devenue permanente et s’est transformée en hyperinflation échappant à tout contrôle.
Comme l’indique l’article ci-dessus, en cas de crises et de surendettement, un véritable bras de fer peut être engagé entre les Banques Centrales et les Etats. Dans le cas où les Banques Centrales « perdent » ce bras de fer, elles perdent également de vue l’essence même de leur existence : contrôler l’inflation pour le bien de l’économie. Au lieu de cela, elles essaient de fixer l’inflation pour le bien de l’Etat.
4) Inflation future prévisible pour 2022 et au-delà selon les Banques Centrales
En France elle est estimée à 5,6% pour toute l’année 2022 en raison de la guerre Russie Ukraine qui vient alourdir le nuage noir au-dessus de la stabilité économique mondiale déjà fragilisée par la crise du coronavirus.
Cette inflation, selon l’INSEE et la BCE ne serait que temporaire et commencerait à baisser en 2023 (3,4%) pour revenir à la normale en 2024 1,5%).
https://publications.banque-france.fr/projections-macroeconomiques-mars-2022
Au niveau Européen, Christine Lagarde, la présidente de la BCE a déclaré que l’inflation devrait être de 5,1% en 2022 et 2,1% en 2023. Soit, selon ses dires, un retour à la normale serait prévu pour 2023 à condition que la guerre ne fasse pas trop de dégâts.
Aux Etats Unis, l’inflation de 7,9% en février 2022, semble loin de s’arrêter. Une inflation moyenne de 4,3% est prévue par la FED tout au long de cette année. De plus, le président de la FED a déclaré en novembre 2021 que l’inflation aux Etats Unis ne serait plus transitoire. Une inflation non transitoire est une inflation qui s’installe et qui devient très néfaste pour l’économie d’un pays.
Pour lutter contre cette inflation, la FED a décidé de relever les taux d’intérêts, c’est-à-dire les coûts des crédits pour inciter les gens à moins consommer et donc à soulager la demande par rapport à l’offre des produits disponibles sur le marché. La FED est prête à relever plusieurs fois ces taux si l’inflation persiste au cours de l’année. Seul l’avenir nous dira si ces mesures seront efficaces ou non.
La Chine ne semble pas avoir de problèmes liés à l’inflation de manière générale.
https://www.inflation.eu/fr/taux-de-inflation/chine/inflation-historique/ipc-inflation-chine.aspx
Enfin, la Russie, avec les sanctions économiques mondiales, possède une des inflations les plus élevées au monde pour 2022. 9,15% d’inflation sur un an. Un autre effet des sanctions est la chute du rouble (monnaie nationale Russe) de près de 40%.
Il est difficile de prévoir l’avenir économique de la Russie car les sanctions se font par à-coup et sont définies au dernier moment. Il est également compliqué de prévoir la répercussion précise de chaque sanction sur son économie.
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