L’Italie, talon d’Achille de l’Union Européenne ?

En ce premier trimestre 2022, la dette de l’Italie avoisine les 150% du PIB (Produit Intérieur Brut), ce qui signifie que tous les Italiens possèdent une dette de 46 000 euros environ pour une dette totale d’environ 2 700 milliards d’euros.


Pour faire le parallèle avec la France, nous avons, selon l’INSEE, une dette de 114,5% du PIB fin mars 2022, soit une dette de 2 900 milliards d’euros à éponger.

Source: https://www.insee.fr/fr/statistiques/6461224

Pour ceux qui se demandent comment est calculée cette dette en fonction du PIB, en voici l’explication:

Chaque pays a une production différente de par ses industries, entreprises, rentrées d’argent via les taxes et les impôts etc… Ainsi, chaque citoyen d’un pays est censé produire de la valeur.

C’est cette production de richesse que l’on appelle le PIB. Cet indicateur permet de connaître la production de richesse globale d’un pays tous secteurs confondus. Ainsi, les Etats Unis qui ont une dette de 30 000 milliards de dollars ont pourtant une dette par rapport au PIB de “seulement” 123,5% en 2022.

Plus un pays produit et plus il peut se permettre un grand montant de dette.

Le problème majeur des dettes, c’est que depuis 30 ans, elles n’ont cessé de grossir au point d’en devenir dangereuses aujourd’hui. Il y a 30 ans, l’Italie avait une dette en dessous des 100% du PIB, tout comme l’ensemble des pays membres de l’Union Européenne. Il y a 30 ans, la France avait une dette représentant 33% du PIB.

On remarque donc qu’avec le temps, les dépenses publiques se creusent et malgré les impôts et les taxes toujours plus élevés, la dette ne se résorbe, elle se creuse dans une sorte de spirale infernale devenue la normalité.

La question est : mais jusqu’à quand ce processus pourra t-il se maintenir ?

Car plus la dette publique se creuse et plus les intérêts sont élevés et il arrivera un jour ou les intérêts seront si élevés que les bénéfices des gouvernements ne suffiront plus à rembourser la dette. Les Etats feront alors banqueroute.

Sur les 27 pays, les plus grosses dettes sont détenues dans l’ordre par :

  • La Grèce avec 193,3% du PIB avec 357 milliards d’euros.
  • L’Italie avec 152,6% du PIB avec 2700 milliards d’euros.
  • Le Portugal avec 127,4% du PIB avec 275 milliards d’euros.
  • L’Espagne avec 118,4% du PIB avec 1450 milliards d’euros.
  • La France avec 114,5% du PIB avec 2900 milliards d’euros.
  • La Belgique avec 108,2% du PIB avec 562 milliards d’euros.
  • Chypre avec 103,6% du PIB avec 25 milliards d’euros.

On remarque donc bien que la Grèce malgré ses quasi 200% de dettes par rapport au PIB, le montant de la dette à rembourser est ridicule comparé à l’Italie et à la France. Si la Grèce fait banqueroute, il sera donc plus facile à la BCE et aux autres pays membres de l’Union Européenne de mettre la main à la poche pour aider la Grèce que pour aider l’Italie.

Avec une moyenne de dettes des 27 avoisinant les 90%, on voit bien que l’Union Européenne reste fragile sur le plan économique et des dettes publiques. Bien plus que l’on veut bien nous le faire croire.

Cette spirale infernale d’augmentation des dettes ne semble pas prêt de s’arrêter et va même très probablement s’accélérer en raison des événements récents :

  • Guerre Russie-Ukraine qui impact la production des matiéres premières et notamment le blé produit à 30% au niveau mondial par les 2 pays.
  • Gèle des envoies de gaz et de pétrole à l’Union Européenne par la Russie en réponse aux sanction alors que l’Union Européenne dépend à 45% des arrivées de la Russie.
  • Aide des Etats pour supporter leurs populations à coup de chèques qui ne vont rien changer à la donne si ce n’est creuser encore plus vite le déficit publique.
  • Inflation en cours sur la majorité des matiéres premières en raison de la crise Covid dans un premier temps puis de la crise guerre Ukraine Russie.
  • Hyperinflation en cours sur l’énergie à cause de la suppression des partenariats économiques avec la Russie, ce qui va engendrer une chute de la production des entreprises Européennes et donc une chute du PIB pour TOUS les pays de l’Union Européenne.
  • Chute de la valeur de l’euro qui est passé sous la barre des 1 dollar pour la première fois depuis 20 ans.

Alors qu’en temps normal, beaucoup d’économistes s’inquiétaient déjà des dettes publiques de certains états au sein de l’UE, les crises du Covid, inflationnistes et maintenant énergétiques menacent tout simplement l’intégrité de l’ensemble de l’Union Européenne.

En plus de la crise financière/boursière que nous sommes en train de vivre sous le syndrome de l’inflation et la chute des actifs spéculatifs et des actions en bourse des entreprises, il est possible que nous voyons à l’avenir la banqueroute des Etats les plus endettés qui pourraient ne pas survivre à la crise énergétique en cours.

Ce serait le cas de l’Italie.

Récemment en 2022, la BCE (Banque Centrale Européenne), dirigée par Christine Lagarde, a annoncé des mesures pour lutter contre l’inflation galopante en augmentant les taux d’intérêts des emprunts. Ce qui est toujours difficile à encaisser pour les pays endettés et surtout très endettés. Ce qui est inquiétant, c’est que la BCE n’a pas annoncée qu’une seule vague de hausse de taux d’intérêts mais plusieurs d’ici 2023.

Nous sommes donc de plus en plus confronter à un choix cornélien : maîtriser l’inflation en augmentant les taux d’intérêts des emprunts au risque de mettre l’Italie en banqueroute, ou sauver l’Italie mais laisser la bride à l’inflation qui peut passer à l’hyperinflation et devenir incontrôlable.

Dans les 2 cas, la situation semble échapper au contrôle des autorités financières européennes.

Car l’Italie ne fait pas seulement face à une crise de la dette publique comme ses homologues français et espagnols, elle fait également face à une crise politique avec la démission de Mario Draghi du poste de Premier Ministre alors qu’il avait pris ses fonctions en février 2021. Anciennement patron du FMI de 2011 à 2019, Mario Draghi était pourtant un ponte de l’économie soutenu par sa réputation de sauveur de l’économie Européenne durant toute la durée de son mandat. Il avait réalisé en plus l’exploit de rassembler tous les partis politiques italiens sous une seule bannière. Mais l’exploit a été de courte durée et qu’une personne telle que Mario Draghi jette l’éponge aussi vite fait aussi froid dans le dos que le montant colossal affiché de la dette publique italienne. Ainsi, en plus de s’enfoncer encore plus loin dans la crise énergétique, l’Italie semble plus divisée que jamais et sans leader dans une des périodes les plus sombres de son histoire sur le plan économique.

Si l’Italie fait banqueroute, cette dette devra être épongée par les autres pays de l’Union Européenne et par la BCE, ce qui inévitablement engendrera une explosion encore plus conséquente des autres dettes publiques des 27, car jamais un tel montant de dettes a dû être remboursé par l’Union Européenne. Les 100 milliards de dettes de la Grèce de 2012 font déjà pâle figure face aux 2700 milliards de l’Italie. Si cela arrive, il est probable que les pays ayant déjà une forte dette publique comme la France ou l’Espagne sombrent à leur tour et fassent faillites. Ce qui, dans un effet domino entraînera la chute de l’union Européenne ainsi que celle de sa monnaie l’euro.

Car la valeur de l’euro ne dépend que de la puissance économique des 27 pays d’Europe. Et avec l’inflation et les crise successives en cours, nous observons déjà une baisse de la valeur de l’euro. Que se passera t-il en cas de banqueroute des Etats?

Nous observerons une crise financière équivalent à celles du Liban et du Venezuela dont la valeur des monnaies officielles s’est effondrée en raison de l’inflation causée par… Les dettes publiques !

Solutions possibles en cas de banqueroute d’un Etat :

C’est pour cela qu’il semble judicieux (je ne suis pas un conseiller financier) de diversifier ses capitaux hors système bancaire et hors monnaie euro et dollar (car les Etats Unis ont une dette très élevée eux aussi). Vous pouvez acheter des cryptomonnaies, de l’or et de l’argent mais aussi pourquoi pas d’autres monnaies officielles de pays étrangers ayant une économie plus solide.

Bien sûr ne retirez pas tous vos capitaux des banques, ce serait tout aussi dangereux en cas de vols, de pertes ou d’incendie par exemple. Diversifiez avec parcimonie.

Si vous le pouvez, essayez d’anticiper l’avenir. Si vous avez une propriété, faites un potager, des provisions et pourquoi pas vous initier aux moyens de survie artisanaux.

Bien évidemment, personne ne connait l’avenir et il est possible que cette banqueroute de l’Italie n’arrive jamais mais comme le dit le proverbe mieux vaut prévenir que guérir.

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par Anders Noren.

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