On ne compte plus les crises actuelles :
- Crise énergétique
- Guerre Russie-Ukraine
- Crise des coronavirus
- Crise liée aux dettes des Etats
Toutes ces crises plus ou moins apparentes et spectaculaires ont toutes un point commun :
Elles provoquent une instabilité qui conduit à une perte de confiance dans les marchés financiers et donc permet l’emballement de l’inflation telle que nous la subissons aujourd’hui.
Or le rôle des Banques Centrales à travers le monde est de réguler cette inflation à 2% par an selon les objectifs qu’elles se sont elles mêmes fixées pour le “bien être” de l’économie mondial.
Malheureusement, depuis la crise du Covid de 2020, l’inflation n’a cessé d’augmenter au point de largement dépasser les 2% par an.
1. Tour d’horizon de l’inflation dans le monde pour Aout 2022
Si on fait l’état des lieux de l’inflation :
- Etats Unis : 8,3%
- Union Européenne (27 pays) : 10,1%
- France : 5,8%
- Allemagne : 7,9%
- Angleterre : >10%
- Italie : 9,1%
- Chine: 2,49%
- Russie : 14,3 %
- Japon : 3%
- Corée du Sud : 5,42%
- Canada : 7,01%
- Brésil : 8,73%
- Afrique du Sud : 7,92%
Les sources proviennent de https://www.inflation.eu/fr et concernent le mois d’aout.
Je vous mets également l’étude de l’OCDE sur l’inflation du mois de juillet ICI pour que vous puissiez comparer l’évolution d’un mois à l’autre.
Comme on peut le constater, la totalité des pays éminents sont au dessus des 2% d’inflation recommandés par les Banques Centrales et atteignent même des records.
2. La chute des monnaies officielles sauf le dollar
En plus de faire face à une inflation généralisée en raison des crises à l’échelle locale (manque de matiéres premières à cause de la crise du Covid, guerre Russie-Ukraine qui impacte les ressources énergétiques, etc…), l’ensemble des pays dans le monde font face à une baisse de la valeur de leurs monnaies fiats/fiduciaires, comme le montre le graphique ci dessus. Et ce de façon quasiment proportionnelle à la montée du dollar.
Cet réussite temporaire du dollar américain est du à plusieurs raisons :
- Les Etats Unis ne subissent pas de crises localisées sur leur sol, contrairement à l’Union Européenne qui fait face à la guerre mais aussi à la crise énergétique.
- Les actions et les entreprises américaines sont les plus attrayantes du moment en raison de l’instabilité de l’Europe mais aussi des autres pays du top 10, comme la Chine, la Russie (évidemment), l’Australie ou encore le Japon. La Chine fait face à l’une des pires crises immobilières jamais connues, l’Australie fait face de plus en plus aux aléas du réchauffement climatique et le Japon maintient des taux à 0 malgré la crise mondiale et l’inflation, ce qui ne rassure pas les investisseurs.
En clair, les Etats Unis tirent les ficelles du monde géopolitique et veillent à ce que tout le monde soit déstabilisé sauf eux. Car, comme on peut le voir, les Etats Unis s’amusent à jeter de l’huile sur le feu dans le conflit Russo-Ukrainien sans pour autant craindre de représailles, à l’inverse des Européens qui sont en train de subir de plein fouet le boomerang des sanctions économiques prises à l’encontre de la Russie.
Avec la hausse du dollar, les américains exportent leur inflation à l’étranger à travers le commerce international et surfent donc sur la vague pour en tirer bénéfice.
3. La réaction des banques centrales face à l’inflation et l’émergence de monnaies concurrentes
3.1) La conférence du 27 septembre 2022 sur l’innovation bancaire
Ce mardi 27 septembre 2022, une conférence organisée par la Banque de France et son gouverneur François Villeroy de Galhau a eu lieu au Louvre à Paris sur le sujet de l’innovation de la part des Banques Centrales.
Durant cette conférence, des invités parmi les plus éminents du milieu des Banques Centrales mondiales, avec notamment Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne ou encore Jérôme Powell, le président de la Réserve Fédérale américaine (FED ou banque centrale américaine si vous préférez).
Cette conférence a été très claire. Il est temps de réguler les cryptomonnaies et de lancer en parallèle l’Euro numérique.
La loi européenne MiCA rend l’Europe la plus avancée sur le plan de bataille lancée dans la régulation des cryptomonnaies. Le gouverneur de la Banque de France appelle donc à un cadre réglementaire international sur les cryptos afin d’obtenir une harmonisation.
En parallèle, il a été annoncé une potentielle sortie de l’Euro numérique d’ici 2026/2027, soit dans 4/5 ans.
Il y aurait 2 formes d’euro numérique :
- L’euro de détail.
- L’euro de gros.
L’euro de détail remplacerait l’euro physique que connaissent tous les citoyens pour les moyens de paiement de la vie quotidienne. Selon François Villeroy de Galhau, l’euro de détail aurait pour rôle de renforcer la souveraineté monétaire et l’autonomie stratégique. Le gouverneur fait également allusion à l’aspect décentralisé de l’euro numérique mais sans rentrer dans les détails sur cette décentralisation.
L’euro de gros quant à lui serait réservé à l’international, c’est à dire au même titre que les stablecoins actuels sur le marché des cryptomonnaies, il permettrait de faire des paiement partout dans le monde à l’aide de la devise numérique tout en freinant l’expansion des stablecoins que le gouverneur qualifie de “risque systémique”.
Cette bataille des monnaies numériques ne se joue pas seulement contre les cryptomonnaies mais aussi entre les pays formant le bloc occidental et ceux formant l’autre bloc.
La Chine a déjà mis en place son yuan numérique et la Russie a annoncé lancer son rouble numérique afin de faciliter au plus tôt ses échanges commerciaux avec le nouveau bloc anti occident formé par le BRICS:
- Le Brésil
- La Russie
- L’Inde
- La Chine
- L’Afrique du Sud
- Et bien d’autres pays émergents comme les pays Arabes ou d’Amérique du Sud.
La Russie a donc annoncé la mise en place du rouble numérique afin de ne plus dépendre du réseau SWIFT, duquel elle a déjà été écartée lors de la mise en place des sanctions par les occidentaux dans le cadre de la guerre Russie-Ukraine.
Ce nouveau réseau bancaire international basé sur les échanges en rouble et en yuan numérique aurait donc pour rôle de stopper l’hégémonie du dollar américain et de renforcer la coopération des membres du BRICS pour faire face aux occidentaux sur le plan économique.
Si l’on considère l’avancée des pays en fonction de leurs monnaies numériques, force est de constater que ce sont bien les pays du BRICS qui sont pour l’instant les plus en avance grâce à l’avantage que confère le yuan numérique à la Chine. De plus, le rouble numérique est annoncé, selon la Russie pour 2023.
2026-2027 parait donc être une date lointaine pour la mise en place de l’euro numérique si l’on se réfère au contexte géopolitique actuel. Quant au dollar numérique, il ne semble même pas être encore dans les plans des américains qui disent être encore en phase d’étude de la question.
3.2) Les solutions adoptées par les Banques centrales contre l’inflation
Outre la guerre des monnaies officielles numériques qui fait rage, il y a également la guerre des Banques Centrales à l’encontre de l’inflation.
Pour contrer ce nouvel ennemi du pouvoir d’achat des citoyens, les Banques Centrales ont quasiment toutes prise les mêmes mesures :
- Relever sur plusieurs vagues les taux d’intérêts des emprunts.
Par exemple, la BCE dirigée par Christine Lagarde a annoncé le 8 septembre 2022 une hausse de ses 3 taux directeurs de 75 points. Ce qui est une première dans l’histoire économique de l’Europe et donc un signe fort sur la gravité de la crise économique rencontrée. Sans compter que les taux avaient déjà subi une hausse de 50 points au préalable en juillet 2022.
A l’heure de cet article, les taux ont donc un total de 125 points, soit 1,25% ce qui est une énormité absolue comparé aux taux de 0% datant de la période pré-Covid.
Les 3 taux relevés par la BCE sont :
- Les taux d’intérêts des opérations principales de refinancement. (taux d’intérêts des banques qui empruntent à la BCE sur une durée de 1 semaine)
- Les taux d’intérêts de la facilité de prêt marginal. (taux d’intérêts des banques qui empruntent à la BCE sur une durée de 1 jour)
- Les taux d’intérêts de la facilité de dépôt. (Intérêts que les banques perçoivent lorsqu’elles déposent de la liquidité chez la BCE sur une durée de 1 jour. Taux d’intérêt négatif donc)
L’ensemble de ces taux étant relevé, ils impactent l’ensemble de la chaine d’emprunts allant du particulier aux entreprises, puisqu’un particulier verra ses taux d’intérêts d’emprunts vus à la hausse, il pourra emprunter moins et devra payer des mensualités plus chères que des particuliers qui avaient pris un crédit avant la hausse des taux.
L’objectif de la relève de ces taux est de diminuer l’inflation en ralentissant l’économie et en poussant les citoyens à moins consommer. Car qui dit moins de consommation, dit moins de pression d’achat sur les prix et donc une demande par rapport à l’offre qui diminue. Si il y a plus d’offres que de demandes, la loi du marché fait que les prix baissent. Et c’est précisément l’objectif des Banques Centrales.
3.3) Les conséquences des mesures mises en place par les Banques Centrales
La hausse des taux d’intérêts, bien qu’étant une solution universellement reconnue, doit être maniée avec précaution car un ralentissement de l’économie en temps de crise n’est jamais viable sur le long terme et peut même faire encore plus de dégâts. Notamment au niveau des dettes des pays qui sont devenus exorbitantes dans le monde.
Par exemple, l’Italie qui a une dette de plus de 150% de son PIB ne peut que mal encaisser la relève des taux d’emprunts de la BCE. Car cela signifie que son PIB va stagner, voir diminuer, ce qui va engendrer une augmentation de sa dette déjà lourde de 2700 milliards d’euros. Pour en savoir plus sur l’Italie et sa dette, voir l’article ci dessous.
Outre l’aspect de la dette des pays, la hausse des taux d’intérêts va forcément impacter les marchés financiers et immobiliers puisque les investisseurs auront plus de mal à obtenir des prêts auprès des banques ou du moins auront des emprunts moins avantageux. Les conséquences seront qu’il y aura moins de pression sur l’immobilier et moins de capitaux injectés dans les marchés. Ce qui provoquera inévitablement une chute des prix de l’immobilier et une chute des actifs boursiers (Actions et crypto-actifs).
La hausse des taux d’intérêts va également impacter les emprunteurs qui ont opté pour le mode variable (ce qui est à éviter absolument). Ces emprunteurs remboursent aussi des mensualités tous les mois mais à l’inverse des emprunteurs qui ont choisi le taux fixe, ils subissent en temps réel l’augmentation ou la diminution des taux d’intérêts car cette variation impact directement leurs mensualités. Et en temps de crise, en plus de l’inflation, ces emprunteurs non contents de voir leur pouvoir d’achat baisser, ils se voient aussi contraints de consacrer plus de capitaux au remboursement de leurs crédits. Ce phénomène, exacerbé, peut engendrer des faillites personnelles et favoriser le chômage et la pauvreté, accélérant ainsi les effets de l’inflation au lieu de les corriger.
Or, les Banques Centrale ont annoncé que cette hausse des taux d’intérêts de 75 points serait suivie d’autres hausses si l’inflation ne se résorbait pas. Il faut donc se préparer à voir de nouvelles vagues de pressions sur les emprunts d’ici 2023 en sachant que la crise énergétique ne fait que commencer et que la guerre Russie-Ukraine semble partie pour s’éterniser.
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