Alors que le monde des actifs boursiers et des crypto actifs s’enfoncent toujours plus dans le rouge, une nouvelle tempête se profile à l’horizon avec la banque Crédit Suisse en difficulté.
1. Le Crédit Suisse en difficulté, rumeur ou tumeur?
Tout est parti d’un tweet, aujourd’hui effacé, du journaliste Australien David Taylor au 1er octobre 2022 :

La traduction: “Des sources crédibles m’ont dit qu’une des plus grosses banques d’investissements internationale est au bord du gouffre.”
La suite, nous la connaissons, l’action du Crédit Suisse s’est totalement effondrée en bourse.
On peut alors se demander ou est la vérité dans tout ça car, excepté ce tweet, il n’y aucune preuve que le Crédit Suisse est réellement en difficulté en 2022. De plus le tweet ne cite jamais le Crédit Suisse et, pour peu que l’information soit vraie, elle peut ne pas concerner la banque numéro 2 en Suisse.
Cependant, force est de constater que certains indices laissent à penser que la banque ne connaît pas ses meilleurs jours en 2022, comme l’indique sa chute en bourse de prés de 58% de sa valeur cette année (et cela bien avant le tweet de David Taylor). C’est d’ailleurs cette chute qui a laissé penser aux spéculateurs que le tweet concernait le Crédit Suisse.

En plus de cette chute en bourse, le Crédit Suisse a été éclaboussé par divers scandales et facteurs extérieurs aggravants ces dernières années :
- Certains membres de la direction ont démissionné suite à des mauvais comportements (Non respect du confinement lors du Covid).
- Pertes colossales en lien avec les affaires de faillite et de fraudes des entreprises Archegos (Pertes estimées à 5 milliards de dollars par le Crédit Suisse) et Greensill Capital (Pertes de 10 milliards de dollars).
- Inflation et augmentation des taux directeurs de la BCE en 2022.
- Amendes et accusations (Mozambique: 475 millions de dollars, accusation par le Ministère de la Confédération de liens avec les trafics de stupéfiant et le blanchiment d’argent)
- Et d’autres. Les déboires s’enchaînent de plus en plus rapidement en même temps que la chute de la réputation de la banque.
Nous devrions en savoir plus le 27 octobre car la direction de la banque fournira les détails de son dernier bilan du troisième trimestre ainsi qu’une revue stratégique rassemblant les différentes solutions à mettre en place pour redresser la confiance des actionnaires et collaborateurs envers le Crédit Suisse.
En attendant le 27 octobre, rien n’indique donc que la Banque Suisse soit au bord de la faillite pour le moment en termes de chiffres et preuves.
2. Une faillite de la banque serait elle possible ?
Le Crédit Suisse fait partie des plus grosses banques au monde considérées comme étant trop volumineuses pour faire faillite.
Mais en quoi consiste ce terme? Trop gros pour faire faillite? (Too big to fail)
Ce terme n’indique pas l’impossibilité qu’une banque fasse faillite en raisons de facteurs économiques mais plutôt qu’elle a un tel poids sur le monde de la finance internationale que sa chute entraînerait des répercussions trop graves pour qu’elle ne soit pas sauvée.
Ainsi, une banque “Too big to fail” sera, obligatoirement, sauvée par les pouvoir publics. Cette mesure a été mise en place suite à la crise des subprimes de 2008 avec la chute de la banque Lehman Brothers dont les répercussions ont été si grandes qu’elles ont failli détruire le système économique mondial.
La banque Crédit Suisse fait partie des banques classées “Too big to fail”, sa faillite mettrait trop en danger le système économique global pour la laisser chuter. En cas de faillite, la banque sera donc sauvée par les gouvernements européens qui ont établi un cadre précis pour faire face à ce genre d’événements.
Pour résumer, oui la faillite d’une banque est possible, mais seulement dans le cadre ou elle pourrait être renflouée par la suite par les pouvoirs publics. Le système prévoit donc une bouée de sauvetage.
3. Sauver une banque “Too big to fail”, les solutions adoptées par l’UE et la France ?
Cependant, penser qu’il n’y aura aucune conséquence dans le sauvetage d’une banque de ce genre n’est pas envisageable. Car quelqu’un doit bien payer la facture et si ce sont les gouvernements, cela signifie tout simplement que ce sont les budgets des dettes publics qui absorberont la catastrophe.
C’est pour cela que l’Union Européenne a mis en place une directive en obligeant les Etats membre de l’UE à protéger, à partir de 2010, les comptes bancaires de leurs citoyens à hauteur de 100 000 euros tout en réduisant les délais de remboursement des fonds perdus en cas de faillite d’une banque à 20 jours ouvrables à partir du constat de l’insolvabilité d’un établissement bancaire.
En France, grâce à la loi de 1999, sous Jacques Chirac, les comptes bancaires français étaient déjà couverts jusqu’à 70 000 euros par le FGDR (le fond de garantie de dépôts) https://www.economie.gouv.fr et, en cas de faillites systémique du domaine bancaire en France, c’est l’Etat qui devait prendre le relais et rembourser les citoyens.
C’est en 2010, sous la directive européenne que le FGDR a revu ses montants de remboursement à la hause de 70 000 à 100 000 euros.
Ainsi, à partir de 2010, si une banque devait faire faillite en France, le protocole serait le suivant :
- Ce sont les actionnaires et plus gros créanciers qui devraient mettre la main à la poche dans un premier temps.
- Puis vient le tour du FGDR de prendre le relais et de rembourser chaque compte de la banque ayant fait faillite à hauteur de 100 000 euros. Tous les montants supérieurs à 100 000 euros seraient ponctionnés par la banque afin de la renflouer.
- Enfin, si le FGDR ne suffirait pas, c’est l’Etat français qui, à son tour, prendrait le relais.
Malheureusement, depuis une nouvelle loi européenne survenue le premier janvier 2016, l’Etat n’est plus tenu de rembourser les comptes bancaires des français ayant subi la chute de leur banque.
Depuis 2016, le protocole en cas de faillite d’une banque est donc le suivant :
- Ce sont les actionnaires et plus gros créanciers qui devraient mettre la main à la poche dans un premier temps.
- Puis vient le tour du FGDR de prendre le relais et de rembourser chaque compte de la banque ayant fait faillite à hauteur de 100 000 euros. Tous les montants supérieurs à 100 000 euros seraient ponctionnés par la banque afin de la renflouer.
Source: https://fr.wikipedia.org
4. Une solution très loin d’être infaillible à l’échelle national
Le FGDR est estimé à 6,1 milliards d’euros. Il ne peut donc garantir que 61 000 comptes bancaires en France. Or, la population française en 2022, selon l’INSEE, est estimée à 67 813 396 d’habitants.
Il est donc évident que la solution que consiste le FGDR est extrêmement limitée et qu’elle ne peut que garantir qu’une petite part en cas de crise d’une banque comme l’atteste les chiffres ci dessous :

Comme on peut le constater, le Crédit Mutuel possède 31 500 000 clients. SI l’on prend une moyenne de 10 000 euros par client sur un compte en banque, le FGDR devrait rembourser en cas de faillite du Crédit Mutuel plus de 310 500 000 000 d’euros… Ce qui équivaudrait à quasiment 10% de la dette publique française (presque 3000 milliards d’euros). Et cela pour seulement une banque.
Au vu de ces conditions, il aurait été indispensable de garder le recours à l’Etat en cas de faillite systémique pour rembourser les comptes bancaires des français. Bien évidemment, cette mesure a été supprimée en 2016. Si cette mesure parait révoltante au premier abord, on peut en réalité la comprendre.
Car en cas de faillite systémique du système bancaire, si l’on se base sur un compte bancaire moyen de 10 000 euros par comptes et si l’on prend le top 10 des banques françaises qui représentent à elles seules 131 725 000 comptes bancaires. La facture finale en cas de faillite systémique serait de… 1310 725 000 000!!! Soit 1310 milliards d’euros et quasiment la moitié de la dette française. Ce qui représenterait une ardoise tout simplement impossible à éponger sans mettre à son tour l’Etat français en banqueroute…
De plus, le FGDR ne prend pas seulement en compte les espèces numériques des français, en plus de la garantie des dépôts, il prend également en compte :
- La garantie des titres. (actions, obligations, parts d’OPCVM, SICAV ou FCP, titres de créance négociables), jusqu’à 70 000 € par client et par établissement. https://www.garantiedesdepots.fr
- La garantie des cautions. https://www.garantiedesdepots.fr
Ainsi, tout porte à croire que le FGDR serait totalement insignifiant en cas de faillite, même d’une seule grosse banque. Bien sûr, peut être que les fonds du FGDR sont bien plus importants que les 6,1 milliards d’euros énoncés et qu’en cas de faillite d’une banque, malgré la mesure de 2016, l’Etat français se sentira obligé de venir à la rescousse des comptes bancaires lésés pour éviter de propager l’épidémie de faillite.
5. Les mesures à prendre en tant que particulier
Au vu des éléments indiqués précédemment dans cet article, il est évident qu’il ne faut pas placer plus de 100 000 euros sur un compte bancaire. Si vous avez plus de 100 000 euros, vous pouvez prendre plusieurs mesures :
- Soit ouvrir un autre compte bancaire, ou plusieurs comptes bancaires afin de fractionner votre capital au sein de plusieurs banques et donc de diversifier la localisation de vos capitaux mais aussi d’assurer la sécurité de la totalité de vos avoirs en cas de faillite de toutes les banques dans lesquels vous avez mis votre argent.
- Diversifier vos capitaux hors du système bancaire avec parcimonie en investissant dans les métaux précieux (or, argent), les cryptomonnaies (Bitcoin) ou encore les objets de collection, œuvres d’art, immobilier. Cela permettrait d’avoir, en cas de chute du système bancaire, un partie de votre capital à disposition malgré tout.
Bien sur, les risques sur les cryptomonnaies sont élevés (volatilité extrême, hors régulation) et l’or et l’argent physiques peuvent présenter des risques de pertes (vols, incendies, inondations, etc…). L’investissement le moins risqué à ce jour est l’immobilier mais la aussi il existe malgré tout des risques (squats, incendies, dégradations, réchauffement climatique).
C’est donc à vous de voir comment vous voulez répartir vos capitaux à travers les différents systèmes économique parallèles au système bancaire.
Avertissement: Cryptoforce.fr n’est pas lié aux conseils en investissements et financiers. Merci de faire vos propres recherches et de prendre vos propres responsabilités si vous décidez de prendre des actions suite à la lecture de cet article.