Alors que nous sommes en hiver crypto avec un Bear Market prononcé et que les cryptomonnaies sont secouées de toute part entre les cyber attaques, la régulation européenne et les discours associant les actifs numériques à la criminalité, certaines entreprises vont à contre courant et font tout ce qu’elles peuvent pour amasser un maximum de cryptomonnaies.
C’est le cas de Microstrategy pilotée par son célèbre fondateur Michael J. Saylor.
1. L’entreprise Microstrategy
Microstrategy est spécialisé dans l’édition de logiciels informatiques basés sur le Business Intelligence ou BI, c’est à dire des logiciels capables d’analyser et de traiter un nombre considérable de données numériques (Big Data) pouvant prendre également la temporalité des données (passé, présent, futur), afin d’aider ses clients à prendre des décisions au plus juste.
Fondée en 1989 par Michael J. Saylor et Sanju Bansal, l’entreprise s’est rapidement fait une place dans la catégorie des entreprises poids lourds avec, en 2022, plus de 3000 employés actifs à travers le monde et un chiffre d’affaires de plus d’un demi milliard de dollars en 2021.
C’est une réussite d’autant plus colossale que l’entreprise est partie de rien à ses débuts avec un contrat qui ne comptabilisait que 250 000 dollars en tant que financement.
La start up a décollé grâce au contrat décroché avec Mc Donald’s en 1992 pour la somme de 10 millions de dollars. Par la suite, ses revenus sont devenus quasiment exponentiels jusqu’à son entrée en bourse en 1998. A la suite de quoi, l’entreprise, supervisée par Michael J. Saylor a continué de croître et de développer ses services avec notamment l’arrivée du BI sur tablette et application mobile en 2010 ainsi que ses services Cloud en 2011.
Au fur et à mesure de son développement, Microstrategy a continué à attirer de nouveaux clients comme Carrefour, SFR, Amazon, Coca-Cola, ENGIE, Facebook et même TF1 à travers tous les continents.
2. Les actionnaires de Microstrategy
Ce qui est également intéressant à noter chez Microstrategy, c’est qu’en plus de faire partie des entreprises du futur dans les domaines de l’IA et du Big Data qui sont considérées comme les ressources au potentiel aussi puissant que le pétrole à terme pour les entreprises, Microstrategy possède parmi les ses plus gros actionnaires : Blackrock (14,56%), Vanguard (9,31%) et Okumus Capital LLC (6,38%).
Or, Blackrock et Vanguard sont les deux entreprise qui à elles seules possèdent la quasi totalité de la richesse mondiale.
Ces deux entreprises sont des gestionnaires de fonds qui ont la main mise, ensemble, sur plus de 20 000 milliards de dollars, oui vous avez bien lu. A eux deux, ils gèrent prés de 10 fois la dette française à travers quasiment toutes les plus grosses entreprises dans le monde. Leur stratégie est d’acheter des actions et ainsi devenir des actionnaires majoritaires dans toutes les entreprises notables. Et qui dit actionnaire majoritaire, dit pouvoir décisionnaire sur la stratégie de ces mêmes entreprises. C’est pour cette raison que l’on considère ces deux entreprises comme les véritables maîtres financiers. Ils brassent tellement d’argent qu’ils sont dénommés la quatrième branche du gouvernement par Bloomberg en raison des relations qu’entretiennent les deux mastodontes avec les banques centrales et les gouvernements. Car Blackrock et Vanguard conseillent le Banques Centrales à travers le monde, cela parait incroyable mais c’est bien le cas, comme le précise l’article du figaro : https://www.lefigaro.fr.
Et si vous ne me croyez pas, il suffit de lire l’article de libération dans lequel on remarque une photo du PDG de Blackrock, Larry Fink, avec… Emmanuel Macron! https://www.liberation.fr
Blackrock et Vanguard, mais aussi tous les autres gestionnaires de fonds de plus ou moins grande envergure sont donc ceux qui gèrent véritablement le monde dans les coulisses sur le plan financier, puisque les gouvernements et les Banques Centrales font appel à leurs conseils et bénéficient probablement de leur puissance monétaire liée à tout pouvoir que confère ceux qui détiennent l’argent.
Pour en revenir à Microstrategy, il est donc intéressant de constater qu’à la fois Vanguard et Blackrock font partie des plus gros actionnaires de l’entreprise, et ce fait est encore plus étonnant lorsque l’on connait la relation quasiment fraternelle que possède l’entreprise avec le Bitcoin. Car Microstrategy est à ce jour, en 2022, l’entreprise qui détient le plus de Bitcoin dans le monde avec 130 000 tokens BTC dans sa cagnotte ! Et ce chiffre est d’autant plus impressionnant lorsqu’on le converti en dollars, car au total, ce n’est pas moins de 3,98 milliards que Microstrategy a investi dans le Bitcoin, une somme qui donne le tournis.
Le plus étonnant dans cet état de fait n’est même pas la possession de Bitcoins de la part de Microstrategy mais plutôt que le fait que les deux plus gros actionnaires de l’entreprise, Blackrock et Vanguard aient autorisés une telle décision de la part de la direction.
En clair, indirectement, à travers Microstrategy, ce sont les deux plus gros gestionnaires du fond du monde qui possèdent 0,61% du volume totale de Bitcoins et cela prête à beaucoup de questions quant à l’avenir du Bitcoin. Pourquoi les plus gros gestionnaires de fonds investiraient dans une entreprise qui est prête à convertir sa trésorerie en Bitcoin, malgré les discours haineux des banques centrales et des gouvernements à l’encontre de ce même Bitcoin.
3. Microstrategy, Michael J. Saylor et le Bitcoin
Si Microstrategy aime autant le Bitcoin au point d’avoir investi 3,98 milliards de dollar de son capital dedans, c’est d’abord parce que son fondateur Michael J. Saylor est un crypto-enthousiaste convaincu.
Il en est tellement convaincu, qu’il en est même devenu célèbre, comme le prouve son profil tweeter aux 2,7 millions d’abonnés :

Car si Microstrategy possède 130 000 Bitcoins en trésor de guerre, Michael en a, lui, selon ses propres aveux, prés de 17 732. Ainsi, lorsque le Bitcoin est monté à 60 000 dollars, Saylor possédait une fortune d’environ 1 milliard de dollars sur sa fortune personnelle, tandis que son entreprise, elle, voyait son capital monter à 7,8 milliards de dollars, le double de son investissement de départ. Puis, lorsque le Bitcoin est retombé sous les 20 000 dollars en 2022, Microstrategy a vu son capital suivre la même voie et s’effondrer aux alentours des 2,6 milliards de dollars. Si l’entreprise vendait tous ses Bitcoins aujourd’hui, elle serait donc en perte sèche de 1,38 milliards de dollars. Entre temps, Michael Saylor a démissionné de son poste de CEO chez Microstrategy et beaucoup de personnes se demandent si cette décision n’a pas été influencée par cette chute brutale de la valeur de la trésorerie de Microstrategy.
Si c’était le cas, le changement de directeur à la tête de l’entreprise n’aura rien changé à la stratégie financière puisque, aussitôt le nouveau CEO, Phong Le, aux manettes, l’entreprise s’est précipitée d’annoncer qu’elle souhaitait acquérir 23 000 Bitcoins supplémentaires à l’aide d’un financement privé estimé à 500 millions de dollars.
On peut donc observer avec étonnement, que ni la chute drastique des prix du Bitcoin, ni les actionnaires comme Blackrock ou Vanguard n’ont posé un frein dans la stratégie de la direction de Microstrategy de continuer à accumuler des Bitcoins.
Est ce la bonne stratégie ? Certains disent que oui, d’autres que non.
Seul le temps pourra confirmer le succès ou l’échec de Microstrategy dont le sort, désormais, est inévitablement lié à celui du Bitcoin.
Une chose est sûre, si le prix du Bitcoin continue à augmenter au fur et à mesure des cycles périodiques de 4 ans, pour atteindre la somme rêvée et symbolique des 1 million de dollars, alors Microstrategy fera partie, un jour, du top 100 des entreprises ayant la plus grosse capitalisation boursière du monde. Et d’ici là, il y a fort à parier qu’elle continue à gonfler son nombre de Bitcoins, si rien ne vient modifier sa stratégie financière.
Il est également à noter que Microstrategy n’est pas la seule entreprise à adopter le Bitcoin dans sa trésorerie:

Il y a également Tesla, l’entreprise de l’homme le plus riche de la Terre : Elon Musk. Mais aussi Square, Marathon Digital ou encore Coinbase.
Toutes ces entreprises ont en commun une direction originale et dont les stratégies ont toujours pesé avantage dans le développement de ces sociétés.
On ne compte plus les succès de Elon Musk (Paypal, Starlink, Tesla, Space X) et encore moins ceux de Jack Dorsey, le PDG de Square mais aussi de… Twitter!!
Pour en revenir à Michael Saylor, voici le genre de propos qu’il tient sur le Bitcoin lors d’une interview sur Fox News :
“Le bitcoin est le tout premier système monétaire créé par des ingénieurs. Point final. Maintenant qu’on a dit ça, la première question à se poser est : qu’est-ce que l’argent ? La deuxième question : quel est le problème ? Et la troisième question est : quelle est la solution ? Le bitcoin est la solution. Ça, c’est dit.”
Vous pourrez trouver le reste de l’interview ici en Anglais mais vous pouvez mettre les sous-titres en français si vous le souhaitez :
Vous pouvez également retrouver la traduction intégrale écrite du discours ici : https://www.cointribune.com
4. Microstrategy et Michael J. Saylor devant la justice américaine
Au moment ou se dessine enfin la régulation crypto en Europe dans le cadre de la loi MiCA et TRF (voir article ICI pour en savoir plus), Microstrategy et le milliardaire semblent pourtant subir les attaques de la justice américaine.
Michael Saylor est accusé d’évasion fiscale comme le montre ce tweet du procureur général du district de Columbia (voir site officiel ICI) pour ne pas avoir payé de taxes depuis 10 ans :
Microstrategy est également dans le collimateur puisque le procureur général du district de Columbia accuse l’entreprise d’avoir couvert son fondateur dans la dissimulation de centaines de millions de dollars.
Michael Saylor, désormais ex PDG de Microstrategy, se défend et réfute les accusations en précisant qu’il vit depuis une dizaine d’années à Miami, en Floride, ou il a acheté une maison. Et en Floride, le système de taxes est plus avantageux.
Microstrategy s’est également défendu et déclare qu’elle n’a rien à voir avec la vie et les affaires personnelles de Saylor.
Cette affaire semble avoir mis en lumière les conditions particulières de la loi sur les taxes au sein du district de Columbia, comme semble l’indiquer ce tweet :

A noter que ce n’est probablement pas ce que souhaitait le procureur général du district de Columbia.
De nombreuses personnes se sont alors demandées pourquoi le procureur général du district de Columbia se permettait de diffuser des informations de nature juridique sur Twitter.
Outre l’aspect évident de l’impact médiatique recherché par les autorités américaines, pour faire un exemple, on peut alors se demander s’il n’y a pas également un motif plus profond à cette cabale enclenchée au bout de… 10 ans ! Car, pourquoi avoir attendu tout ce temps, si le motif des accusations est centré uniquement sur la domiciliation du Michael J. Saylor. Pas besoin d’une dizaine d’années pour vérifier et valider ou non ce genre de fraudes.
Que les accusations soient vraies ou fausses, cet évènement médiatique tombe à point nommé pour les autorités. Si on suit la logique de ce raisonnement, il est donc impératif de valider la nécessité d’imposer une réglementation dans les cryptos, afin d’éviter le blanchiment d’argent avec le Bitcoin, par exemple. Ca tombe bien, la loi MiCA est en train d’être validée en Europe pour une entrée en vigueur en 2024. De plus, ce cadre réglementaire n’est que le prémices d’une homogénéisation des lois cryptos au niveau internationale ainsi que de l’arrivée des monnaies fiats virtuelles telles que l’Euro numérique qui a été annoncé pour 2026-2027.
Conclusion:
Microstrategy est une entreprise atypique menée par une direction atypique. La stratégie adoptée est risquée et fait un peu penser à la politique du “tout ou rien”. Si le Bitcoin s’effondre, l’entreprise fera de même et si, au contraire, il se développe, l’entreprise suivra le même chemin. Cette stratégie démontre donc une foi sans égale dans la réussite du Bitcoin, car on voit mal des investisseurs investir dans quelque chose auquel ils ne croient pas. De plus, ce sentiment semble être partagé indirectement par les actionnaires Blackrock et Vanguard qui ont voix au chapitre grâce à leurs parts dans l’entreprise. Or, Blackrock et Vanguard sont les maîtres financiers incontestés de notre monde moderne et même s’ils sont loin d’approuver publiquement haut et fort leurs avis sur les cryptomonnaies, le fait qu’ils investissent dans l’entreprise la plus pro-crypto au monde (hors plateformes Exchanges) en dit plus long que le plus long des discours.