Le nouveau plan de la numérisation énergétique de l’UE du 18 octobre 2022

La crise énergétique fait rage. Entre la guerre économique avec la Russie ayant engendrée une pénurie de gaz naturel et les grèves impactant le carburant chez Total en France, l’Union Européenne est quasiment en état de siège. En plus de son plan REPowerEU, la commission européenne vient d’officialiser son plan d’action au niveau énergétique qui se focalise sur la numérisation et que vous pouvez retrouver ICI.

1. La numérisation du système énergétique

L’objectif de ce plan d’action est de se passer des combustibles fossiles dont la l’UE est dépendant au niveau de 42% auprès de la Russie.

Car il faut rappeler que l’UE dépend de la Russie au niveau énergétique sur :

  • Le gaz naturel à hauteur de 40-45% des importations.
  • Le pétrole à hauteur de prés de 30% des importations.
  • Les combustibles solides à hauteur de 42% des importations (Déchets solides servant à alimenter des hauts fourneaux et donc des réseaux de chaleur puis d’électricité).

Ainsi, on a tendance en ce moment à beaucoup parler de la pénurie de gaz mais il ne faut pas oublier que nous pouvons aussi développer une pénurie de pétrole et de combustibles solides car pour le moment, même si les importations ont diminué, elles n’ont pas été totalement coupées comme pour le gaz.

Ainsi, l’UE, consciente de ce problème, prend essentiellement en compte les combustibles fossiles (gaz, charbon, pétrole, etc…) dans son plan d’action.

Son objectif est de développer le système de numérisation énergétique afin de rendre, par exemple, nos voitures, ordinateurs, compteurs ou même bâtiments plus intelligents et capables de fournir du Big Data (données numériques) sur la consommation énergétique, dans l’objectif de donner les informations adéquates aux consommateurs afin qu’ils puissent réduire leurs factures d’électricité/consommation. En plus de développer le Big Data et l’intelligence artificielle de nos appareils, l’UE souhaite inciter les populations de ses Etats membres à fonctionner sur le système de consommation autonome (panneaux solaires, éolien, etc…) au niveau des villes et même au niveau des particuliers. Si un particulier consomme plus d’électricité via ses panneaux solaires, il pourrait revendre sa production à son voisin et ainsi de suite.

En clair, l’UE vise à développer la production d’énergie décentralisée tout en optimisant le recueil de données sur la consommation énergétique de la part des consommateurs, mais, on peut l’imaginer aussi, de la part des gouvernements et de l’UE elle même.

Ce modèle est à double tranchant car il ouvre les portes d’une optimisation de la consommation énergétique certes, mais offre un pouvoir incontestable à l’entité qui aura accès à l’ensemble des données numériques liées à la consommation énergétique des citoyens, comme semble le démontrer ce passage issu du plan d’action de l’UE.

“Un accès transparent à des données plus fines sur l’état des réseaux électriques intelligents et des actifs intelligents des consommateurs (tels que pompes à chaleur, panneaux solaires, batteries domestiques, thermostats intelligents, systèmes d’automatisation des bâtiments ou points de recharge des véhicules électriques) sera essentiel. Cependant, il ne pourra être assuré que si les outils numériques et les infrastructures de données partagées qui permettront la fourniture des services énergétiques au bon moment se répandent largement.”

2. Réduction de la consommation énergétique des TIC (Technologies de l’information et de la communication)

L’autre point notable de ce plan d’action est la volonté de l’UE d’optimiser la consommation d’énergie du milieu des TIC qui devrait représenter 13% de la consommation électrique en 2030 au niveau mondial.

Elle souhaite donc rendre les ordinateurs moins énergivores, plus résistants sur la durée et rendre le système de pièces de rechange plus efficace sur un modèle de recyclage.

De nouvelles étiquettes devraient donc voir le jour pour noter les équipements numériques selon un label environnemental.

3. La bride au minage de cryptomonnaies

Ce sera donc une demi victoire pour les détracteurs du consensus de proof of work des cryptomonnaies, puisque la commission européenne a déclaré vouloir brider le minage de crypto-actifs cet hiver en raison de leur consommation énergétique, qui ne représente, notons le, que 0,4% de la consommation mondiale en électricité selon les propos même de la commission européenne !

Cependant, le milieu du minage a échappé au pire en ce début 2022, puisque la loi MiCA devait à l’origine bannir purement et simplement les consensus de proof of work et donc le Bitcoin et toutes les cryptomonnaies fonctionnant sur ce modèle. Ce qui aurait constitué une catastrophe pour l’écosystème entier des cryptomonnaies. Heureusement, le texte n’est pas passé et la loi MiCA a été modifié entre temps pour tout simplement mieux encadrer le minage au niveau des taxes.

Ce nouveau plan de l’UE sur l’interdiction possible du minage durant l’hiver afin de faire baisser la consommation énergétique est donc encore un rebondissement dans l’affaire de la régulation crypto.

Mais si l’on se penche précisément sur le plan d’action que dit il vraiment à l’encontre du minage ?

“Eu égard à la crise énergétique actuelle et aux risques accrus pour l’hiver prochain, la Commission invite instamment les États membres à mettre en œuvre des mesures ciblées et ambitieuses pour réduire la consommation d’électricité des acteurs du marché des crypto-actifs, conformément à la proposition de règlement du Conseil sur une intervention d’urgence pour faire face aux prix élevés de l’énergie. Si un délestage électrique s’avère nécessaire, les États membres doivent aussi être prêts à interrompre le minage de crypto-actifs. Dans une perspective à plus long terme, il est également essentiel de mettre un terme aux allégements fiscaux et aux autres mesures fiscales en faveur des activités de minage de cryptomonnaies actuellement en vigueur dans certains États membres.”

Ainsi, la commission européenne laisse le choix aux Etats membres de l’Union européenne d’interdire ou non le minage et d’augmenter les taxes ou non des mineurs de cryptomonnaies. Mais elle les incite à agir au minimum en cas d’urgence et de débrancher purement et simplement les mineurs en cas de pénurie d’électricités. Il y a donc fort à parier que cet hiver représente une double peine pour les mineurs que ce soit pour leurs factures d’électricités ou les pannes subites liées à la politique des gouvernements.

En plus de la menace de l’interdiction temporaire durant la période hivernale, l’UE souhaite mettre en place un label d’efficacité énergétique pour les Blockchains.

Conclusion:

Ce nouveau plan de l’UE montre premièrement que l’UE entame un tournant définitif dans la transition écologique en forçant la main à ses Etats membres et donc aux citoyens par la même occasion. La numérisation du système énergétique sera néanmoins longue à mettre en place sur le plan technique et surtout nécessitera des changements dans le quotidien des citoyens de l’Union européenne qui devront partager leurs données énergétiques sans Etats d’âmes.

La question que l’on peut se poser, c’est : est ce que les citoyens accepteront cette transition ? Sûrement. Est ce qu’ils seront prêts à investir dans cette production décentralisée que souhaite mettre en place l’UE ? Peut être. Est ce qu’ils auront les moyens ? Certainement pas, avec l’inflation galopante.

Enfin, au niveau des cryptomonnaies, une période sombre s’annonce pour les mineurs qui, certainement, doivent se demander s’ils vont rester en Europe ou non au vu des mesures prises par l’UE à leur encontre mais surtout à cause des factures d’électricité qui augmentent de façon exorbitante au moment même ou le Bitcoin a chuté de prés de 65% depuis début 2022.

Le seul point positif à noter dans ce plan de l’UE dans le domaine des cryptomonnaies est la volonté d’instaurer un classement énergétique au niveau des Blockchains. Cela va permettre de mettre en lumière des cryptomonnaies basées sur des Blockchains à 0 émission carbone et donc booster leurs notoriétés et peut être même leurs prix.

Pour plus d’informations sur la crise énergétique en chiffres, je vous invite à lire l’article suivant: https://cryptoforce.fr/2022/10/16/lenergie-une-espece-en-voie-de-disparition-en-europe/

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par Anders Noren.

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