Le contexte actuel est compliqué: inflation, chômage, pénuries, chute des marchés boursiers…
A travers cet article, nous allons voir qu’est ce qu’est la récession, ce mot qui fait trembler tous les économistes. Et surtout, nous allons voir si le monde et en particulier la France est en récession ou non.
1. La récession, c’est quoi ?
Selon, l’INSEE, la récession est le recul temporaire d’une économie sur une durée précise ou un ralentissement de la croissance économique dans le meilleur des cas.
Plus précisément, une récession évidente est constatée si le PIB (Produit Intérieur Brut) d’un pays recul durant deux trimestres consécutifs ou se contracte fortement en provoquant un ralentissement brutal d’une économie qui était en pleine expansion.
Source: https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c2129
Pour rappel, le Produit Intérieur Brut est l’indicateur de performance permettant de mesurer la production de richesse globale d’un pays, tous domaines confondus.
2. Les causes d’une récession
Elles peuvent être diverses et concernent tout ce qui peut faire ralentir ou reculer le PIB d’un pays, c’est à dire ralentir ou reculer la production de richesse d’un pays.
Il y a :
- La chute des marchés boursiers. La chute de la valeur des actions entraîne une chute de la richesse des actionnaires ainsi que la faillite de certaines sociétés trop exposées aux marchés boursiers. Les conséquences d’un krach boursier peuvent être catastrophiques pour une économie : chute de la production, augmentation du chômage avec la faillite des entreprises, chute de capitaux investis dans les actifs financiers, l’immobilier, etc…
- Les crises économiques. Les crises sont des événements liés à des facteurs précis (pandémies en raison des confinements, faillites systémique bancaire, banqueroute d’un état ou d’une méga corporation, guerres).
- Le surendettement des entreprises et des Etats, qui empêche la bonne circulation des capitaux.
- L’inflation de matériaux essentiels aux ressources comme l’énergie, l’alimentaire ou les technologies. Ce qui entraîne par ricochet une inflation massive et une diminution du pouvoir d’achat au sein du pays concerné.
- Politiques sévères des gouvernements et des Banques Centrales en matière d’économie (relevé des taux d’intérêts des emprunts par exemple qui provoque un ralentissement brutal de la circulation de capitaux dans le monde économique et financier et ralentit donc le PIB)
3. Les conséquences d’une récession
Une récession est un cercle vicieux si elle n’est pas résolue rapidement.
En effet, si les causes d’une récession ne sont pas toujours évidentes à cerner dans chaque cas de récession, les conséquences sont largement identifiables :
- Chômage de masse
- Inflation qui peut se transformer en hyperinflation
- Surendettement massif des entreprises
- Chute du pouvoir d’achat des ménages à cause de l’inflation
- Compétitivité commerciale du pays en récession ruinée
- Faillites en cascades des entreprises
- Chute de la valeur des actions des entreprises en bourse
Comme vous pouvez le constater, les conséquences sont donc les mêmes que les causes en grande partie, et on constate donc que l’économie d’un pays, voir mondial est en réalité un cercle infini de transactions et si un maillon de la chaîne du cercle est brisé, c’est l’ensemble de l’écosystème commercial qui est menacé. Les causes provoquent alors la récession qui en conséquence accentue encore plus les causes.
De plus, si l’on prend l’exemple récent du relevé des taux directeurs décidé par les Banques Centrales dans le monde, on constate que les conséquences sont, de limiter l’inflation, dans une moindre mesure “positive”, mais aussi de ralentir l’économie globale des pays concernés dans une contrepartie “totalement négative”.
On observe donc inévitablement qu’en voulant lutter contre une des causes de la récession, les Banques centrales et les gouvernements vont en réalité activer une autre cause pouvant provoquer la récession de façon encore plus sévère.
Source: https://www.banquemondiale.org
4. Les solutions pour sortir de la récession
Pour connaître les solutions, il suffit d’observer comment ont été résolu les récessions qui ont surgi dans le cours de l’histoire.
Si l’on se cantonne à la France uniquement, celle ci a déjà connu 4 récessions depuis la Seconde Guerre Mondiale:
- La récession de 1974 due au choc pétrolier quelques années auparavant
- Celle de 1993
- La récession de 2009 qui fait suite au crash économique des subprimes de 2008.
- Et enfin, la récession de 2020 en raison de la pandémie.
Pour chaque récession, 2 modes de solutions ont été adopté:
- La politique d’intervention de l’Etat et de la Banque Centrale (de France ou européenne)
- La politique de non intervention et de libre cours des variations de l’économie
La solution consistant à “appeler” les gouvernements et les Banques Centrales à la rescousse est la plus évidente et celle que nous avons tous observés de prés ou de loin. Par exemple, les récessions de 2009 et de 2020 ont été suivi de mesures drastiques de la part du gouvernement français et des Banques Centrales : injection de capitaux dans les entreprises pour relancer la production, maintien du chômage partiel lors des confinements, émission massive de liquidités pour financer les budgets publiques. Ces mesures, bien que extrêmement couteuses pour les Banques Centrales et les gouvernements ont permis de stabiliser la production des entreprises et de relancer la croissance économique par la suite, tout en limitant la récession dans la durée. Si cette solution semble spectaculaire, elle n’est pas dépourvue de défauts, loin de là, car si c’est bien l’Etat et les Banques Centrales qui mettent les mains à la poche à première vue, ce sont en réalité les contribuables et donc les acteurs à la base même du tissu économique qui payent la facture. Car lorsque les Etats prennent de telles mesures, ils s’endettent et creusent toujours plus leurs déficits publics, ce faisant ils demandent aux Banques Centrales de les financer. Ces dernières, pour répondre aux exigences de leurs plus gros créanciers, qui s’ils faisaient faillites, seraient dans l’incapacité de rembourser les Banques Centrales qui feraient faillite à leur tour dans un effet dominos, se mettent à imprimer de l’argent en masse. Si l’Etat est satisfait sur le court terme, c’est en réalité une catastrophe sur le long terme, car c’est ce phénomène précisément qui provoque la chute de la valeur des monnaies fiats/officielles émises par les gouvernements. Il suffit de voir la valeur des monnaies officielles sur une durée de 100 années par rapport à l’or et à l’argent par exemple. Ces monnaies, sans exception, ont toutes perdu entre 90 et 99% de leurs valeurs par rapport aux métaux précieux universels sur cette durée. Et au final, ce sont bien les contribuables qui payent le prix fort des mesures interventionnistes des gouvernements et Banques Centrales, car ils voient, par la chute de la valeur de la monnaie fiat, leur pouvoir d’achat fondre comme neige au soleil au fur et à mesure des années et assistent avec impuissance à l’inflation s’ils ne sont pas entraînés aux marchés financiers afin de lutter contre cette inflation régulière.
La deuxième solution consistant “à ne rien faire” est plus saine sur le long terme, à condition que le système économique soit capable de se soigner par lui même. Par exemple, la récession de 1974 en France a été causée par le choc pétrolier de 1973, c’est à dire une hausse drastique des prix des barils de pétroles qui ont impacté toute la chaîne énergétique et industrielle par la suite au niveau mondial. Cette récession pouvait donc être atténuée par les gouvernements et Banques Centrales en prenant en charge une partie de la hausse sur leurs budgets publics. Comme c’est le cas, exactement en 2022 avec le bouclier tarifaire du gouvernement vis à vis des prix à la pompe. Ou au contraire, la situation étant causée par un facteur unique et identifié, les gouvernements pouvaient laisser passer la tempête en espérant que les marchés économiques se résolvent d’eux mêmes. Car, qui dit hausse des prix sur un marché, dit baisse de la demande (acheteurs qui ne peuvent pas payer des prix trop élevés) et donc augmentation de l’offre à un moment ou à un autre qui engendre à son tour une baisse des prix. C’est ce que l’on appelle la loi de l’offre et de la demande et c’est ce qui fait que tous les marchés boursiers du monde soumis à cette loi voient leurs prix fluctuer chaque seconde. Cependant, le calcul doit être fait avec précision, car si les prix ne reviennent pas à la normale rapidement, sans interventions de la part des gouvernements et des Banques Centrales, la récession, normalement temporaire, peut s’installer sur la durée et plonger les pays dans un chaos financier indescriptible (hyperinflation, chômage de masse, faillite des entreprises, etc…). Pour citer des exemples, il suffit d’observer le Liban et le Venezuela qui font face depuis plusieurs années à des crises économiques dévastatrices.
Les économistes sont donc partagés entre les 2 solutions et cette guerre idéologique a un nom: La guerre entre les libéraux (ceux qui prônent le liberté des marchés financiers) et les keynésiens (ceux qui prônent l’intervention des autorités).
5. La France, récession ou pas récession en 2022-2023 ?
Il y a 2 tons différents :
- Ceux qui disent que tout ira bien en 2023 à l’exemple de Bruno Lemaire le ministre de l’économie français qui a indiqué que le PIB devrait augmenter de 1%.
- Ceux qui disent l’inverse, comme la banque internationale Sarclays qui prévoit une chute du PIB de -0,7% en 2023.
Source: https://www.capital.fr
Mais qui a tort et qui a raison ?
Personne ne connait l’avenir, mais une chose est certaine, il parait peu probable que le PIB augmente de 1% en 2023 au vu du contexte actuel.
Le scénario de la contraction du PIB de -0,7% est le plus probable et je vais récapituler les raisons ici :
- Inflation causée par la baisse de la valeur de l’euros, les pénuries de composants et de ressources (conséquences encore visibles de la crise du Covid et désormais exacerbées par la guerre Russie Ukraine)
- La guerre Russie Ukraine qui déstabilise les marchés financiers mondiaux, provoque des décisions psychologiques et irrationnelles sur ces mêmes marchés par les actionnaires.
- Les sanctions de l’Occident à l’encontre de la Russie qui provoquent des pertes de chiffre d’affaires pour les entreprises ayant été contraintes de se retirer du pays sanctionné mais aussi une pénurie d’énergie (gaz naturel) et une diminution de l’offre en pétrole et combustibles solides, puisque la Russie a coupé ses exportations vers l’Occident en réponse aux sanctions. Ce qui va encore plus pénaliser les entreprises qui se sont déjà amputées d’une partie de leur CA.
- Les milliards dépensés dans le conflit Russie Ukraine, les boucliers tarifaires et les aides sociales par les gouvernements et les Banques Centrales pour aider leurs populations à survivre aux conditions qu’ils ont eux mêmes crées. Ces dépenses creusent les déficits publics et participent à faire chuter la valeur des monnaies officielles. Les dettes sont de plus en plus difficiles à rembourser.
- Possible nouveau choc pétrolier si les prix du baril de pétrole continuent de monter.
- Augmentation record des taux d’intérêts dans l’histoire économique mondial de la part des Banques Centrales, ce qui va provoquer, inévitablement un ralentissement de la croissance économique des zones concernées par la hausse de ces taux car les capitaux financiers vont moins circuler.
Une seule des raisons énoncées ci dessus suffirait à justifier une possible récession, or, la crise que nous vivons rassemble toutes les causes possibles au sein d’une seule et même crise. Ce qui est pratiquement du jamais vu depuis la grande dépression de 1929 qui est considérée comme l’une des plus grandes crises économiques de notre histoire. Il est aussi à noter que le système économique mondial s’est relevé à cause de la deuxième Guerre Mondiale et aucune des solutions/réformes adoptées par les gouvernements de l’époque n’a fonctionné. Ce qui est également intéressant de noter, c’est que cette même Seconde Guerre Mondiale a été causée par l’arrivée au pouvoir d’individus totalitaires (Hitler, Mussolini, etc…), qui eux mêmes ont surfé sur le mécontentement des populations qui subissaient l’inflation et la crise économique de l’époque. La boucle était donc bouclée!
En prenant du recul sur ces faits, les questions que devraient se poser nos dirigeants ne sont pas : Est ce qu’il va y avoir récession ou pas ? Quelles sanctions doit on encore prendre contre la Russie? Mais plutôt, comment anticiper la récession qui va probablement nous tomber dessus ? Comment limiter la casse ? Comment s’assurer que la crise énergétique n’achèvera pas notre système économique ? (Pour cette dernière question, la réponse est simple: arrêter de sanctionner la Russie et rouvrir les partenariats commerciaux, car même si l’on arrive à trouver une solution à toutes les autres causes énumérées ci dessus, celle de la crise énergétique ne dépend que d’un événement extérieur qui, sans retour à la normale, va s’inscrire sur la durée. Cela équivaudrait donc à un choc pétrolier de longue durée pour l’Occident)
La France n’est donc pour le moment pas en récession car son PIB a même augmenté en 2022 de 2,5%. Ces chiffres s’expliquent sans peine en considérant le rebond économique, sur le plan de la production industrielle, post crise Covid et surtout post confinement. De plus, les taux d’intérêts des BCE ont été relevé à la fin du deuxième trimestre de 2022. De même pour la pénurie de gaz naturel au sein de l’UE, elle est active depuis quelques semaines seulement. Il faudra donc quelques mois avant de constater pleinement l’étendue des dégâts que vont avoir ces événements sur le PIB de la France et de l’Union Européenne.
Si il y a récession, elle sera, au mieux, officiellement déclarée en milieu d’année 2023, car pour rappel la définition de la récession est une chute du PIB sur 2 trimestres consécutifs.