Etats-Unis: hausse des taux directeurs de 0,75 points et dollar numérique (CBDC)

Dans un contexte d’inflation échappant à tout contrôle en raison des pénuries, de la guerre Russie-Ukraine et des conséquences post confinements liés au Covid, les banques centrales dans le monde entier mobilisent leur seul levier pour contrer l’inflation: relever les taux d’emprunts.

1) Une nouvelle hausse de 0,75 points aux Etats Unis

Source: https://www.federalreserve.gov

Pour rappel, les taux d’emprunts sont les taux auxquels particuliers et entreprises peuvent prendre un crédit. Plus ce taux est élevé et moins l’emprunteur a de capitaux avancés puisqu’il doit rembourser des mensualités et des intérêts plus élevés.

Le but de cette relève des taux est de faire baisser l’inflation. Car en écrasant les capitaux alloués aux emprunteurs, ces derniers pourront donc moins consommer ou injecter de l’argent dans la consommation relâchant la pression sur les achats par la même occasion. Et si il y a moins de demandes sur les produits, il y a donc plus d’offres, ce qui conduit inéluctablement à une baisse des prix par la loi du marché de l’offre et de la demande.

Les banques centrales utilisent donc cet argument pour remonter les taux d’emprunts de façon massive, surtout aux Etats-Unis, puisque la FED (Réserve Fédérale Américaine / banque centrale américaine) a déjà relevé 6 fois ses taux depuis mars 2022. Les taux d’emprunts sont donc passés aux Etats-Unis de prés de 0% en début 2022 à prés de 4% en ce début novembre 2022. Ce qui, il faut le noter, est une première depuis 15 ans, c’est à dire depuis la crise de 2008.

Il faut dire que l’inflation est en train d’exploser chez les américains, atteignant des nouveaux sommets à 8,2% jamais atteints depuis 40 ans. Bien loin le temps des 2% d’inflation par an jugés optimales et sains par les autorités financières.

Pourtant, malgré ces hausse successives des taux et malgré tous les efforts de la FED, l’inflation persiste et signe aux Etats-Unis :


Comme le montre le graphique ci-dessus (source: https://fr.tradingeconomics.com), depuis le début de la hausse des taux en mars 2022 ou l’inflation était à 8,5% aux Etats-Unis, il n’y a pas de résultats vraiment notables si ce n’est que l’inflation semble désormais maintenue autour des 8%.

Consciente de ce fait, la FED a également annoncé, en même temps que la nouvelle hausse de 0,75 points des taux, que d’autres hausses étaient prévues pour fin 2022 et 2023, afin d’essayer de faire baisser drastiquement l’inflation cette fois.

Si l’inflation semble donc avoir atteint son plafond aux Etats Unis pour être un problème en voie de résolution (si l’on prend les choses avec beaucoup d’optimisme), un autre problème se profile à l’horizon : la récession, c’est à dire le recul de l’économie des Etats-Unis et donc du monde.

Car, comme expliqué précédemment, la hausse des taux va permettre de réguler l’inflation mais par la même occasion va provoquer une baisse de la consommation et donc de l’économie. Si la population consomme moins, les entreprises génèrent moins de revenus, produisent moins et dans des cas extrêmes peuvent faire faillite, ce qui aurait pour conséquence de provoquer une vague de chômage. Si les entreprises font faillites en masses, alors l’inflation repartira à la hausse non pas parce que les gens achètent moins mais tout simplement parce qu’il n’y aura plus de produits mis à disposition par ces mêmes entreprises qui auront fermées. Le remède de la hausse des taux deviendrait donc dans ce cas pire que le mal initial…

2) L’émergence du dollar numérique

https://www.newyorkfed.org

En parallèle de cette hausse des taux, la FED a publié les résultats la phase 1 du projet Cedar, un projet visant à expérimenter un dollar numérique de gros destiné aux transactions financières.

Le résultat de cette expérience est une réussite selon le rapport puisque les transactions seraient effectuées en à peine quelques secondes avec une efficacité sans précédent. et mieux encore, la technologie sous jacente qui a permis le succès de cette expérience n’est autre que… La Blockchain !

Bien évidemment, cela soulève beaucoup de questions, car la Blockchain, de par sa nature est un outil de traçabilité infaillible et sans pitié pour le traitement des données numériques. Imaginer une CBDC destinée aux transactions de détail pour le quotidien des citoyens américains et basée sur cette technologie, dans les mains des gouvernements et des banques centrales a de quoi faire froid dans le dos dans un contexte de développement des contrôles numériques.

De plus, selon Jérôme Powell, le président de la FED, une CBDC américaine pourrait être disponible dans une durée de 2 ans. Bien plus court que les promesses faites par la banque centrale européenne sur une sortie d’un euro numérique pour 2026-2027.

Avec cette expérience organisée au plus haut des instances financières américaines, il est intéressant de noter que, malgré les apparences de dénonciation de la Blockchain et même d’une éventuelle utilisation d’un dollar numérique, les Etats Unis ont en réalité officiellement annoncé leur arrivée dans la course aux monnaies numériques et donc à la conquête de l’économie numérique basée sur la nouvelle technologie Blockchain.

Ainsi, face à une inflation de plus en plus difficile à combattre au fur et à mesure du temps et à des crises de plus en plus fréquentes, les gouvernements et banques centrales semblent rechercher des solutions alternatives à leurs monnaies physiques qui sont en train d’échapper à tous leurs contrôles. De plus, on remarque que la tendance mondiale de la création de monnaies officielles numériques se porte également sur la relève des taux. On peut donc craindre une récession mondiale en 2023.

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par Anders Noren.

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