Dans ce contexte de guerre économique totale entre l’Europe et la Russie avec pour fer de lance l’énergie, les prix du gaz naturel ont explosé. Pour rappel, depuis quelques mois, la Russie a totalement coupée les exportations de gaz vers l’UE, alors que celle ci dépendait à 45% de la Russie pour ses importations totales de gaz. C’est à dire que sur un besoin général de 400 milliards de mètres cubes, la Russie en fournissait 155 milliards environ.
L’UE vit donc pour la première fois de son ère moderne une pénurie d’énergie.
1) Gaz naturel, pétrole et combustibles solides.
Si les actualités du moment concerne le gaz et la coupure totale des arrivées de la part de la Russie, il est important de rappeler que ce n’est pas la seule énergie dont dépend l’Europe.
Le pétrole russe représente plus de 30% des importations de pétroles au sein de l’UE.
Les combustibles solides russes (bois, charbon, déchets) destinés à alimenter des hauts fourneaux, qui à leur tour ont pour objectif de produire de l’électricité représentent plus de 40% des importations de combustibles solides au sein de l’UE.
Source: https://www.touteleurope.eu
Or, dans le cadre des sanctions occidentales et de la guerre économique que se livrent l’UE et la Russie, 100% des importations de gaz naturel russe au sein de l’UE ont été arrêté.
Ce n’est pas encore le cas du pétrole russe et des combustibles solides russes qui représentent encore en cette fin novembre 2022 une grande partie des importations d’énergie au sein de l’UE. Cependant, les dirigeants des 27 pays, ainsi que la présidente de la commission européenne Ursula Von Der Leyen ont été très clairs sur ce point, l’UE doit émettre un embargo sur la totalité des énergies russes.
2) L’embargo contre le pétrole russe par le plafonnement des prix
L’embargo définitif de l’UE contre le pétrole russe doit entrer en vigueur ce lundi 5 décembre 2022.
L’objectif initial de cet embargo, annoncé vers mi-2022, était d’interdire purement et simplement les importations de pétrole russes au sein de l’UE.
Source: https://www.lemonde.fr
Cependant, pour contre attaquer, Poutine (la Russie est le deuxième plus gros exportateur de pétrole) et l’OPEP+ (alliance internationale des pays exportateurs de pétrole) ont décidé de diminuer leur production de pétrole de 2 millions de barils de pétrole par jour. La hausse des prix des barils n’a pas tardé à se faire sentir en octobre 2022, contraignant les Etats Unis à conseiller l’UE de changer de stratégie s’ils ne voulaient pas causer un choc pétrolier d’une puissance telle que celui de 1973 ferait office de brise légère.
Source: https://www.lefigaro.fr
Ainsi, sur le conseil des Etats Unis, les européens ont décidé d’adopter la stratégie du plafonnement des prix du pétrole russe. L’objectif de ce plafonnement est d’empêcher les assureurs européens, qui font partie des plus gros assureurs au monde, d’assurer les navires pétroliers russes si les prix du pétrole russe dépassent le plafond fixé par les 27 pays membres de l’UE. Or, si les navires pétroliers russes ne sont plus assurés, alors ils sont bloqués à quai avec interdiction de naviguer. Ce plafonnement a donc pour objectif, via cette menace, d’amener Moscou à faire baisser les prix de son pétrole afin de se conformer au plafonnement européen et donc limiter de ce fait les bénéfices engrangés par ses exportations de pétroles partout dans le monde.
Concernant le plafonnement des prix du pétrole russe, la majorité des pays membres de l’UE penchaient pour un prix de 60 dollars le baril alors que le prix du baril de pétrole était en chute libre au début du mois de novembre 2022 avant de connaître une nouvelle hausse :

Source: https://prixdubaril.com/
Si les prix du pétrole russe sont plafonnés par l’UE à 60 dollars, Moscou perdrait 22 dollars de bénéfices par baril de pétrole si l’on se base sur les prix actuels. Du moins c’est la stratégie que l’UE considère comme la plus impactante au niveau du ratio (préservation économie mondiale)/(pénalisation de l’économie russe).
3) Un plafonnement qui tombe à l’eau
Les négociations sont toujours en cours au sein de l’UE mais à quelques jours de la mise en place de l’embargo aucun prix plafond n’a été définitivement adopté à cause de la Pologne et d’autres pays baltes membres de l’UE.
Car si la majorité des pays de l’UE considèrent que 60 dollars est un bon prix, la Pologne considère que cet embargo serait trop léger et inutile contre la Russie car, selon elle, cette dernière brade déjà ses prix vis à vis de certains pays comme l’Inde et la Chine par exemple. Avec cet argument, la Pologne vise donc un plafond à 30 dollars par baril afin de vraiment pénaliser la Russie.
Les négociations entre les 27 sont donc à l’arrêt car la Pologne reste ferme sur ses positions et ne semble pas vouloir lâcher un pouce de terrain ou plutôt 1 dollar de prix de plafond.
4) Les hypothèses sur l’avenir de l’embargo européen contre le pétrole russe
La première hypothèse est un accord d’ici le 5 décembre des 27 qui se calquerait soit sur un prix de 30 dollars exigé par la Pologne soit sur un prix de 60 dollars exigé par la majorité des pays de l’UE.
Dans un cas comme dans l’autre, il n’y aurait en réalité pas beaucoup de différences car de son côté, la Russie menace de couper absolument toutes les exportations russes en énergie vers tout pays qui plafonnerait le prix du pétrole russe, que ce soit en gaz naturel, pétrole ou encore combustible solide. En effet, Vladimir Poutine a été très ferme dans une déclaration effectuée lors d’un forum économique à Vladivostok. Il a même qualifié de “stupide” toute stratégie de plafonnement des prix du pétrole russe
Source: https://www.lemonde.fr
Dans ce cas, ce serait une catastrophe pour l’UE puisqu’en plus d’une pénurie de gaz naturel, nous aurions une pénurie de pétrole et de combustible solide du jour au lendemain.
La deuxième hypothèse est que les 27 n’arrivent pas à se mettre d’accord d’ici le 5 décembre. Dans ce cas, soit ils reportent l’embargo le temps de se mettre en phase sur les prix. Ce qui ramènerait à l’hypothèse n°1 au final.
Soit ils annulent purement et simplement la stratégie de plafonnement des prix du pétrole russe et adoptent finalement l’idée de départ, c’est à dire annuler toutes les importations de pétrole russe à hauteur de presque 100%. Ce qui équivaudrait, en grande partie au résultat de l’hypothèse n°1 dans ce cas. La seule différence, c’est que ce serait la décision des occidentaux et non de Poutine d’arrêter les importations-exportations de pétrole russe au sein de l’UE. Le seul avantage visible dans cette hypothèse, c’est que cet embargo ne viserait que le pétrole de la part des européens et non les combustibles solides.
Enfin, soit ils annulent purement et simplement la stratégie de plafonnement des prix du pétrole russe et laissent tomber l’embargo.
Conclusion:
Avec une économie mondiale fortement déstabilisée par l’inflation, la hausse des taux directeurs des banques centrales, la crise immobilière anticipée, l’affolement des marchés boursiers et la guerre Russie-Ukraine, c’est une récession brutale et mondiale qui menace de poindre en 2023.
Au sein de l’UE, on peut également rajouter la pénurie de gaz naturel en plus du reste. Dans ce contexte, il serait peut être plus judicieux de ne pas adopter d’embargo à l’encontre du pétrole russe pour ne pas enfoncer encore plus, dans un effet boomerang, le monde et l’Europe dans la crise économique.
Il serait donc plus judicieux que nos “dirigeants” exploitent d’autres pistes de sanctions à l’encontre de la Russie afin de ne pas enfoncer encore plus leurs pays et leurs peuples dans l’apocalypse économique.
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