Les (dés)engagements de la COP27 contre le réchauffement climatique

“Encore une” diront certains. “Quelles promesses inutiles a t-on pris cette fois?”, demanderont d’autres ? C’est ce que nous allons voir dans cet article.

1) Une COP, c’est quoi?

La COP (Conference Of Parties) est une conférence à l’échelle mondiale rassemblant 196 pays, c’est à dire l’ensemble des pays, à peu de choses prés, existants sur notre planète.

Cette conférence a lieu tous les ans et en 2022, c’est la 27 éme édition et elle est organisée par l’ONU (Organisation des Nations Unies). Ce système de COP a été instauré en 1992 dans le cadre de la Convention des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) lors du sommet de la Terre de Rio de Janeiro. La première COP a cependant eu lieu en 1994 et depuis lors s’est déroulé chaque année.

Les objectifs des COP sont :

• Prendre et appliquer des mesures en faveur du climat.
• Veiller à l’application de ces mesures d’une COP à l’autre chaque année.

Par exemple, la COP 26 de 2021 qui s’est tenue à Glasgow, portait principalement sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, de débattre des effets du changement climatique et d’accroître les financements de l’action climatique auprès des pays en développement. (Source: https://www.consilium.europa.eu).

Enfin, les participants aux COPs ne sont pas forcément que les chefs d’Etats comme on pourrait le croire. Il y a également des entreprises, des ONG, des associations mais aussi des communautés aborigènes et locales, car il faut noter que ce sont ces cultures qui souffrent le plus du réchauffement climatique alors qu’elles n’émettent aucune pollution carbone.

2) La COP 27 de 2022

La COP 27 a eu lieu à Sharm El Sheikh en Egypte et s’est tenue entre le 6 et le 20 novembre 2022.

40 000 personnes ont participé à cette COP27 ainsi que la majorité des pays présents dans le monde. De très nombreux dirigeants ont affirmé leur engagement pour la cause climatique par leurs présences et leurs discours lors de la COP27, exceptés ceux de la Chine, de l’Inde ou encore de la Russie par exemple qui se sont contentés d’envoyer des délégations.

Pourtant, ce sont ceux qui polluent le plus :

• La Chine représente prés de 30% des émissions de dioxyde de carbone dans le monde et se place en tête des pays les plus polluants.
• L’Inde représente prés de 7% des émissions.
• Enfin, la Russie prés de 5%.

Au total, ceux qui ont été les moins présents à la COP27 étaient ceux qui polluaient le plus avec des émissions carbone de prés de 42% à l’échelle mondiale, soit presque la moitié des émissions totales en CO2.

Côté occident, les comportements n’ont pas été exemplaires non plus. Même si tous les dirigeants ont fait le déplacement, le retard de Joe Biden qui est arrivé quelques jours après le début de la COP27 a fait grand bruit, tout comme le fait que le Premier Ministre britannique Rishi Sunak ne s’est présenté qu’en raison des pressions multiples à son égard.

Pourtant, les Etats-Unis sont les deuxièmes plus gros pollueurs après la Chine avec prés de 13% des émissions mondiales.

Ainsi, autant dire que les choses étaient mal parties avant même d’avoir commencées.

3) Les engagements pris à la COP27

Sources: https://unfccc.int et https://unfccc.int/cop27/auv

Le communiqué final de la COP27 comprend les engagements suivants:

• Réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre de 43 % d’ici 2030 par rapport au niveau de 2019, sans méthodes expressément décrites pour atteindre cet objectif.
• Effectuer et accélérer la transition énergétique vers le développement durable tout en diminuant les énergies issues de combustibles fossiles (charbon par exemple).
• Soutien à apporter aux pays en développements pour les accompagner dans cette transition énergétique.
• Echec sur une proposition de l’Inde de sortir définitivement des combustibles fossiles comme le pétrole, l’occident était pour mais la Chine et les membres de l’OPEP+ étaient contre.
• Echec dans les mesures à adopter pour réduire les émissions de méthane et autres gaz à effet de serre différents du dioxyde de carbone. Seuls quelques pays ont relevé leurs ambitions à la hausse envers le méthane au sein du G20, dont la Chine qui s’est engagée à mettre en place un plan d’action. Pourtant le G20 est responsable de 80% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
• Echec du financement de 100 milliards de dollars aux pays émergents pour les aider dans la transition énergétique. En effet, si la nécessité de mettre en place un tel fond a été unanime, il n’a pas encore été mis en place. Et quand bien même, selon un rapport d’experts, ce serait en réalité 2000 milliards de dollars qu’il faudrait pour effectuer une transition énergétique mondiale. 20 fois plus que le fond fantôme actuel.
• Organiser un plan de 3,1 milliards de dollars afin d’effectuer un système d’alerte en cas de catastrophe climatique entre 2023 et 2027.
• Créer un autre fond spécial dédié aux pays en développement victimes de conséquences irréversibles dues au réchauffement climatique. En effet, selon des experts, les pertes économiques dues au réchauffement climatique dans les pays en développement seraient estimées entre 290 milliards et 580 milliards de dollars par an jusqu’en 2030, et jusqu’à 1 700 milliards de dollars par an vers 2050. Pour alimenter ce fond, l’UE a déjà l’intention de fournir 360 millions de dollars. D’autres pays comme les Etats-Unis ont promis 210 millions d’euros afin d’élargir l’accès aux systèmes d’assurance contre les risques climatiques aux pays émergents.
• Le Brésil s’engage sur le 0 déforestation, l’Allemagne qui a rouvert ses centrales à charbon indique que c’est provisoire et la France, comme à son habitude a donné des leçons de morale sur la justice climatique entre les pays riches qui produisent des gaz à effet de serre et les pays pauvres qui souffrent le plus des conséquences du réchauffement climatique.

Conclusion:

Ainsi, le bilan est très mitigé (comme d’habitude), rien que le bilan carbone de la COP27 avec l’invitation de 40 000 personnes (voyages en jet privé, coûts des buffets, champagnes, etc…) soulève des sourcils et le rapport efficacité/cout semble de plus en plus douteux à chaque COP, chaque année.

Car, si l’on regarde les mesures finales adoptées lors de la COP27, rien de véritablement concret n’en est sorti si ce n’est “qu’il faut et y a qu’à”. Aucune méthodologie n’en est sortie pour aider tous les pays du monde à avancer par étapes. Non, au contraire chaque pays est livré à lui même et qu’il soit en capacité ou non de lutter contre le réchauffement climatique est son problème, comme le montre très bien l’adoption de la mesure qui consistait à créer un fond de 100 milliards de dollars pour aider les pays émergents dans leur transition énergétique. Ce fond devait être crée et alimenté pour la COP27 mais au final rien n’a été fait. De plus, la majorité des fonds adoptés lors de la COP27 visent à atténuer les conséquences du réchauffement climatique pour les pays émergents et non les causes. Ce système frôle l’hypocrisie lorsque l’on sait que ce sont les pays les plus riches qui provoquent le réchauffement climatique.

De plus, ce sont les pays qui polluent le plus qui ont pris la COP27 avec le moins de sérieux. La Chine, l’Inde et la Russie ont envoyé une délégation. Les Etats-Unis et le Royaume Uni semblent être venus à contre cœur et seulement parce qu’ils ont cédé aux pressions. Alors que tout ce monde là représente plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

Donc, soit ces pays pollueurs ne souhaitent pas réellement prendre de mesures pour freiner la croissance de leurs pays dans un contexte économique et géopolitique de plus en plus instable entre l’occident et le BRICS. Soit tout le monde sait à quel point le système de COP est inutile sur le fond et n’aboutit à rien de concret ou à des mesures seulement superficielles qui permettent de donner bonne conscience à tout le monde.

Et si le réchauffement climatique était vraiment la priorité des gouvernements et de l’Union européenne, peut être n’auraient ils pas mis en place les embargos contre la Russie dans le cadre de la guerre Russie Ukraine qui ont amené l’Allemagne et la majorité des pays baltes à rouvrir des centrales à charbon. Qui, pour rappel, font partie des pires causes d’émission de gaz à effet de serre dans le monde.