L’embargo contre le pétrole russe, la saga continue avec la Turquie

Depuis le 5 décembre 2022, l’embargo contre le pétrole russe est entré en vigueur avec pour conséquences :

  • 90% des importations de pétrole russe arrêtées nettes au sein de l’Union Européenne. Ce qui représente une amputation de presque 25% du pétrole total importé par l’UE chaque année.
  • Un plafonnement du prix du baril de pétrole russe fixé à 60 dollars afin de limiter le commerce mondial du pétrole russe.

Si la Russie ne se conforme pas à un plafond à 60 dollars par baril de pétrole, alors toutes les assurances européennes qui font partie des plus grosses du monde ont l’interdiction d’assurer les navires pétroliers russes, forçant ainsi ces derniers à rester à quai.

Pourtant, malgré ce risque, la Russie ne semble pas prête à se plier aux sanctions concernant le plafond, ce qui jette le désarroi le plus total sur les flux maritimes en ce moment, notamment avec l’entrée en jeu de la politique Turque.

1) La Turquie maîtresse des Détroits

En effet la Turquie est la maître des détroits du Bosphore et des Dardanelles comme montré ci dessous :

Source: Google map


Or ces Détroits sont les seuls passages côté occident pour les navires pétroliers russes mais pas que. Des tankers transportant du pétrole du Kazakhstan et d’Azerbaïdjan doivent aussi emprunter ces Détroits.

Avec les sanctions prises par l’occident contre la Russie, il est intéressant de noter que la Turquie a bloqué la semaine dernière plusieurs dizaines de tankers transportant du pétrole russe brut mais aussi du pétrole kazakh et azerbaidjanais. Cela par rapport à des questions d’assurance, car avec l’embargo de l’occident, tous les assureurs européens ont l’interdiction d’assurer les navires pétroliers russes tant que le plafond n’est pas respecté par la Russie.

Pour se conformer à cette mesure occidentale, la Turquie a revu ses exigences à la hausse concernant les certificats d’assurance en possession des navires pétroliers quels qu’ils soient afin d’éviter le passage de “navires fantômes” non assurés selon les dires des autorités turques.

Le problème, c’est que ces nouvelles mesures d’assurances exigées par la Turquie sont extrêmement couteuses pour les assurances occidentales qui ont donc rechigné un moment avant de débloquer des certificats d’assurance conformes à la nouvelle politique de la Turquie. Fait étonnant, ce n’était donc pas le cas des tankers russes qui étaient conformes au niveau de leurs assurances russes.

Paradoxalement, pendant 1 semaine, ce sont donc des tankers destinés à l’occident et transportant du pétrole azerbaidjanais et kazakh qui ont été plus perturbés que les tankers russes.

2) Une rentrée dans l’ordre sur les flux pétroliers

La bonne nouvelle, c’est que ce problème au niveau des assurances est rentré dans l’ordre, puisque la Turquie a finalement autorisé cette semaine le passage de 22 pétroliers sur les 26 en attente.

Cela semble avoir été rendu possible grâce aux négociations encore en cours entre les diplomates européens, les autorités turques et les assureurs occidentaux.

Cependant, ce court épisode de turbulence géopolitique montre clairement certaines conséquences concrètes et non anticipées de l’embargo contre le pétrole russe. Et surtout, il est désormais évident que Poutine a trouvé la parade aux assurances européennes, puisque ses tankers pétroliers sont désormais assurés par des assureurs russes et conformes aux exigences élevées des autorités turques, au point d’être même plus en conformité que les navires pétroliers acheminant du pétrole destiné à l’occident.

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par Anders Noren.

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