Dans un contexte ou les cryptomonnaies sont extrêmement critiquées par le biais des affaires Terra Luna et FTX, il est intéressant d’observer les avis et analyses des influenceurs politiques, traders professionnels et experts économistes de renom qui ont déjà fait fortune grâce à leurs compétences. C’est ce que nous allons résumer dans cet article à travers deux camps, celui des anti cryptos et celui des pro cryptos.
1) Les anti cryptos
- Christine Lagarde : “Le Bitcoin n’est pas une monnaie”.
En effet Christine Lagarde, la présidente de la BCE ne s’en cache pas, pour elle le Bitcoin est un danger au système économique actuel et n’est pas une monnaie car hautement spéculatif. Bien évidemment, cela donne le ton sur l’avis de la banque centrale européenne que Christine dirige et il n’est donc pas étonnant de voir des avis officiels émanant de haut cadres de la BCE allant dans le sens de leur directrice.
En parallèle, de façon étonnante, Christine Lagarde fait pourtant la promotion de l’euro numérique. Donc le Bitcoin est une crypto numérique qui n’est pas une monnaie, mais l’euro numérique lui est une monnaie ou du moins le sera lorsqu’il verra le jour en 2026-2027 selon les prévisions actuelles annoncées.
- Bill Gates : “J’aime investir dans des choses qui ont de la valeur. La valeur des entreprises est basée sur la façon dont elles fabriquent d’excellents produits. La valeur de la crypto est juste basée sur ce qu’une personne décide combien une autre personne paiera pour cela”

On l’aura compris, Bill Gates n’aime pas les cryptomonnaies qu’il qualifie de très énergivore. Le fondateur de Microsoft et quatrième homme le plus riche du monde a même déclaré qu’il voulait s’en débarrasser et n’est pas très optimiste sur l’avenir du Bitcoin lors de la conférence TechCrunch en juin 2022.
- Paul Krugman : “La fraude fiscale et les transactions criminelles sont la seule utilité sérieuse des cryptomonnaies”
Paul Krugman est un économiste américain qui a obtenu le prix nobel d’économie en 2008. Paul considère donc que le Bitcoin est l’apanage du crime et du blanchiment d’argent. Il ne croit donc pas à l’avenir du Bitcoin.
- Warren Buffet : “Je ne sais pas si dans cinq ans ou dix ans, il vaudra plus ou moins qu’aujourd’hui. Mais ce dont je suis sûr, c’est qu’il ne modifie rien, ne produit rien” (propos sur le Bitcoin).

Warren Buffet est un milliardaire américain qui a fait fortune en bourse et connait donc très bien les mécanismes financiers. Il est également à la tête de Berkshire Hathaway, un conglomérat de sociétés d’investissement pesant 276 milliards de dollars en 2021 en terme de chiffres d’affaires.
Au vu de sa carrière dans les arcanes financières, la compétence de cet homme de 90 ans n’est plus à douter. Il est donc inquiétant pour les pro cryptos de l’avoir en face d’eux et non avec eux.
Il est à noter que Warren Buffet ne semble pas virulent à l’encontre du Bitcoin (à l’inverse de Paul Krugman par exemple) mais juste sceptique sur son avenir car il n’en voit pas l’utilité.
- Jamie Dimon : « Je suis un grand sceptique sur les cryptomonnaies que vous appelez des devises, comme Bitcoin. Ce sont des schémas de Ponzi décentralisés. (…) Ils sont dangereux (…) et l’idée qu’ils seraient bons pour qui que ce soit est incroyable. »
Jamie Dimon est un milliardaire et est le PDG de JP Morgan depuis 2005. JP Morgan est une holding financière qui gère prés de 2500 milliards de dollars (chiffres de 2020).
Cet homme, bien qu’étant un des pires détracteurs du Bitcoin est aussi le chef d’une entreprise qui exploite à fond le potentiel de la blockchain, c’est à dire la technologie qui a donnée naissance au Bitcoin. La contradiction ne s’arrête pas là car si le Bitcoin est une horreur pour Jamie, ce n’est pas le cas des stablecoins et de certaines autres cryptos centralisées comme le JPM Coin, la crypto que veut créer JP Morgan ! Ainsi, le PDG de JP Morgan ne cache pas le fait que ce qu’il déteste chez le Bitcoin, c’est son aspect décentralisé uniquement qui échappe au contrôle des banques et des gouvernements.
Ainsi, le camp anti crypto dénonce le Bitcoin comme étant : inutile, dangereux pour le système actuel, l’apanage des criminels tout en étant énergivore et surtout pas une monnaie. Ainsi, ces hommes et femmes ne croient pas en l’avenir du Bitcoin au pire. Et au mieux ils sont sceptiques sur ses chances de survie. Certains comme Bill Gates et Christine Lagarde n’hésiteront pas à prendre des mesures pour essayer de détruire le Bitcoin ou, à défaut, le réguler. D’autres comme Jamie Dimon adoptent la technologie du Bitcoin avant d’essayer de détruire le modéle qui les a inspiré.
2) Les pro cryptos
- Elon Musk : “Le Bitcoin survivra, mais ce devrait être un long hiver crypto”.

Elon Musk, l’homme le plus riche du monde et fondateur de Tesla et SpaceX est un pro crypto et surtout un pro Dogecoin, la crypto même dont Musk est un véritable fan. A tel point que les nombreux tweets de Elon Musk ont permis, en partie, au Dogecoin d’exploser en valeur entre 2020 et 2021.
Elon Musk a même qualifié le Dogecoin de cryptomonnaie du peuple. Avec le rachat récent de Twitter par Elon Musk, ce dernier souhaiterait même donner la possibilité d’utiliser des cryptomonnaies sur le réseau social avec comme fer de lance le Dogecoin, évidemment. En plus d’être considéré comme l’homme le plus riche et le plus innovateur de la Terre, Musk est reconnu plus récemment pour ses ambitions de redonner le pouvoir au peuple. Son achat de Twitter a d’ailleurs était justifié par son souhait de supprimer la censure du réseau social et il s’est fait de nombreux ennemis en balançant les “Twitter Files”, c’est à dire des dossiers compromettant sur les démocrates de Joe Biden sur le plan de la corruption politique.
- Robert Kiyosaki : “Retraites, prochain global Lehmann. Qu’est ce que vous allez faire? Deviendrez-vous plus riche ou plus pauvre ? Les personnes qui possèdent de l’or, de l’argent, du Bitcoin s’enrichiront lorsque la Fed, le Trésor, Wall Street pivoteront et imprimeront des milliards de faux dollars. Les faux épargnants seront les plus grands perdants. Ne soyez pas un perdant.”
Robert Kiyosaki est un chef d’entreprise et surtout un écrivain de renommée internationale dont les œuvres portent sur les investissements, notamment immobiliers. Il a d’ailleurs coécrit un livre avec Donald Trump avant que celui ci ne devienne président des Etats unis par la suite. Ses livres ont été vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires dans le monde et la particularité de Kiyosaki, c’est qu’il croit au Bitcoin et en sa capacité de valeur refuge au même titre que l’or et l’argent en cas d’effondrement du système économique actuel qu’il juge comme étant imminent à cause de la lente mais profonde chute du dollar.
- Michael Saylor : “68.000 dollars d’ici quatre ans et 500.000 dollars au cours de la prochaine décennie.”
“Bitcoin est une machine économique, basée sur une machine de vérité, prête à émerger comme une machine de la liberté.”
Michael Saylor est le fondateur de Microstrategy ainsi qu’un milliardaire crypto. J’ai fait un article spécialement sur Michael Saylor et son entreprise que je vous invite à lire si vous voulez en savoir plus. Voir ci dessous.
Pour résumer le personnage, il possède prés de 17 732 bitcoins et son entreprise en a plus de 130 000. Et la stratégie de l’un comme de l’autre est toujours de stocker plus de bitcoins. Car pour Saylor, le Bitcoin est bien plus qu’une monnaie comme le démontre les propos ci dessous lors d’une interview sur Fox news.
« Le bitcoin est le tout premier système monétaire créé par des ingénieurs. Point final. Maintenant qu’on a dit ça, la première question à se poser est : qu’est-ce que l’argent ? La deuxième question : quel est le problème ? Et la troisième question est : quelle est la solution ? Le bitcoin est la solution. Ça, c’est dit. »
Pour information, Microstrategy est une entreprise spécialisée dans l’édition de logiciels informatiques qui compte parmi ses clients presque toutes les entreprises du CAC40. Son chiffre d’affaires à la hauteur de son portefeuille client se portait à 500 millions de dollars en 2021.
- Tim Draper : “Bitcoin est décentralisé. FTX était centralisé sur une personne. La monnaie décentralisée est la grande opportunité que nous avons pour l’évolution économique. Les gouvernements doivent concevoir des logiciels pour taxer les entreprises opérant dans un jardin clos de bitcoins afin qu’ils aient plus de #confiance en #bitcoin.”
Tim Draper est un milliardaire américain qui a crée sa fortune par des investissements privés dans des start up ou entreprises en construction. Il a notamment investi très tôt dans Twitter, SpaceX, Robinhood, Coinbase, Skype, Hotmail et bien d’autres encore. Il est un mordu inconditionnel du Bitcoin et a établi une prédiction ultra optimiste des prix du bitcoin à 250 000 dollars pour milieu 2023. Néanmoins, il est à rappeler qu’il avait fait cette même prédiction pour fin 2022 qui, de toute évidence, est ratée. Tim Draper explique sa prédiction en argumentant que ce sont les femmes qui feront la différence dans le milieu de la crypto. Selon lui, ce sont elles qui ont la main mise sur les dépenses (courses, budget alimentaire, etc…) et dans le milieu de la crypto elles ne représentent que un portefeuille Bitcoin sur 7. Il avance que lorsque les femmes auront compris qu’elles peuvent avoir un retour en cashback de 2% sur leurs dépenses courantes grâce aux cartes cryptos, il y aura un engouement massif au vu du contexte économique actuel. Il est également à noter que 2023 semble être l’année de la récession mondiale de l’aveu même des banques centrales et des grosses entreprises comme Blackrock. Nous verrons donc rapidement s’il avait raison ou non.
- Cathie Wood : “Le Bitcoin vaudra 1 million de dollars en 2030”
Cathie Wood est la fondatrice de ARK invest, un fond d’investissement qui gère plusieurs milliards de dollars. Cathie a une expérience de plus de 40 ans dans les arcanes financières et boursières.
Les pro bitcoins vantent donc l’aspect décentralisé de la crypto numéro 1. Pour eux, le Bitcoin est tout simplement une évolution de l’économie et du système bancaire. C’est en quelque sorte la crypto du peuple comme l’avance Elon Musk car dans les mains du peuple et non dans celles des autorités financières centralisées.
Conclusion :
Ainsi, deux camps s’opposent sur le Bitcoin.
Les anti cryptos, comme Jamie Dimon et Christine Lagarde dénoncent l’aspect décentralisé du Bitcoin qui échappe donc à leur pouvoir. Car il est intéressant de noter que si Jamie Dimon déteste le Bitcoin, il adore la Blockhain et d’autres cryptomonnaies centralisées, au point que JP Morgan, l’entreprise de Jamie Dimon en est venue à créer sa propre crypto. Là est donc le paradoxe dans la cryptomonnaie et mieux vaut regarder les actions des chefs des plus grosses entreprises bancaires que leurs propos.
De même pour Christine Lagarde qui critique de façon véhémente le Bitcoin en le qualifiant de tout sauf de monnaie. Cependant, durant le même discours, elle prône les avantages de l’euro numérique qui se base sur les mêmes bases et les mêmes fonctionnements apparents que le Bitcoin. La seule différence, c’est que l’euro numérique sera sous la coupe de la banque centrale européenne, pas le Bitcoin.
Cependant, les détracteurs du Bitcoin avancent également l’aspect volatil de la cryptomonnaie. Impossible de favoriser de l’échange de valeur sur quelque chose qui fluctue autant en terme de valeur. Sans compter l’aspect criminel et énergivore du Bitcoin.
Pourtant, cela fait un moment que les transactions cryptos ne représentent qu’une fraction des transactions (moins de 1% du volume totale de transactions cryptos en 2021) selon l’étude de Chainanalysis ici : https://blog.chainalysis.com.
Concernant l’énergie consommée par le Bitcoin, oui il est vrai que le Bitcoin consomme mais deux fois moins que le système bancaire dans le monde. D’autres études qui prendraient en compte les collatéraux des activités du système bancaire (infrastructures, personnels, etc…) démontreraient que le Bitcoin consommerait 56 fois moins que le système bancaire traditionnel.
A l’inverse, pour les pro cryptos, le Bitcoin est la liberté économique et l’évolution économique d’un monde financier à bout de souffle comme semble l’indiquer Robert Kiyosaki. En effet, entre les dettes qui deviennent de plus en plus lourdes pour les gouvernements, l’impression d’argent qui s’accélère pour les banques centrales en voulant justement financer les dépenses publics des gouvernements, l’inflation galopante provoquée par les crises et par la chute de la valeur des monnaies fiduciaires, la fragilité de certaines banques classées “Too Big To Fail” ou encore la chute des marchés boursiers fragilisés par tous les problèmes cités auparavant, il est de plus en plus évident que le monde économique que nous connaissons se dirige vers une crise d’une ampleur jamais vue. C’est également ce qu’indique Blackrock qui prévoit une récession jamais vue en 2023.
Ainsi, pour ces investisseurs et chefs d’entreprises pro crypto, le Bitcoin, la Blockchain et la crypto peuvent représenter une solution sur beaucoup de niveaux :
- Décentralisation et donc pouvoir financier dans les mains du peuple.
- Transparence et vérité des données via la Blockchain.
- Impossibilité d’imprimer des tokens en raison de la supply limitée du Bitcoin, ce qui supprime les risques liés à la tentation de créer de l’argent pour financer les gouvernements.
- Suppression de la perte de la valeur lente mais forcée que rencontrent les monnaies fiduciaires (exemple du dollar qui a perdu 96% de sa valeur en un siècle).
- Une valeur refuge numérique analogue à l’or et l’argent qui protège en cas de chute de la valeur des monnaies fiats.
- Diversification hors du système bancaire de ses capitaux de façon à ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.
- Permet l’essor d’entreprises nouvelles générations qui arrivent à coupler la technologie des cryptos (la Blockchain) avec les enjeux économiques et industriels des entreprises (supply chain, logistique, qualité, big data, IA, etc…).
En conclusion, il est évident que les avantages du Bitcoin sont là, quel que soit le prix d’un token Bitcoin. Car que le Bitcoin ait une valeur égale à 1 euro, 60000 euros ou 0,1 euros, son utilité est tout simplement d’offrir un moyen d’échange décentralisé totalement hors de contrôle des autorités. Cette utilité en est d’autant plus forte avec l’essor des monnaies numériques qui sont en train d’émerger un peu partout dans le monde. A l’image de la Chine qui se sert de son yuan numérique (e-CNY) pour asseoir sa domination sur ses citoyens (toutes les données personnelles sont recueillies en temps réel par la banque centrale et donc le gouvernement chinois et les possibilités à terme de ce pouvoir sont encore inconnues concernant la liberté des chinois et chinoises). L’euro numérique et le dollar numérique sont également en chemin.
Laisser un commentaire