Pourquoi les monnaies fiats comme l’euro peuvent augmenter ou chuter ?

Bien que l’on pourrait penser que les monnaies comme l’euro ou le dollar ont des valeurs fixes, ce n’est en réalité pas le cas. Par exemple, le dollar ou encore l’euro fluctuent beaucoup au niveau de leurs parités USD/EUR et vice versa. C’est à dire que l’euro peut monter par rapport au dollar et inversement. Ainsi, contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, l’argent situé sur un compte bancaire ou en espèce est en perpétuel changement de valeur à chaque seconde qui passe et est donc volatil dans une moindre mesure, bien évidemment.

Pour le prouver, voici le graphique ci dessous de la parité EUR/USD depuis la naissance de l’euro en 2000 :

Source: https://fr.tradingview.com


Comme le montre le graphique ci dessus, la monnaie fiduciaire française a beaucoup fluctuée à travers le temps par rapport au dollar. Pour rappel, l’euro a été crée en 2000 et la réelle parité EUR/USD commence donc cette année. Ainsi, d’après le graphique, en 22 ans, l’euro a été seulement deux fois en dessous de 1 dollar. Une fois lors de sa création, entre janvier et juillet de l’année 2000 et une fois au cours de l’année 2022 avant de remonter très rapidement au dessus des 1 dollar de nouveau en fin d’année 2022.

A l’heure de la rédaction de cet article, 1 euro est égal à 1,06 dollar. Et donc l’euro s’apprécie par rapport au dollar. Cependant, il est à rappeler qu’en 2022, l’euro a perdu prés de 10% de sa valeur par rapport au dollar puisqu’en janvier 2022, 1 euro s’échangeait contre 1,12 dollars. Il est aussi à préciser que depuis la crise économique de 2008, durant laquelle l’euro a atteint l’équivalent de 1,57 dollars, l’euro n’a cessé de se dévaluer par rapport au dollar dans un phase baissière continue et qui semble loin de s’inverser au vu du contexte économique actuel. L’euro a donc perdu prés de 30% par rapport au dollar entre 2008 et 2022.

1) Les causes de la volatilité des monnaies fiduciaires

Elles sont multiples :

  • Le contexte géopolitique lié aux crises
  • La confiance des investisseurs dans la monnaie
  • La politique monétaire des Banques Centrales
  • L’inflation
  • L’état de la balance commerciale du pays concerné par la monnaie
  • La récession

En clair, l’état des monnaies fiduciaires est en réalité la boussole de l’état économique de la zone dans laquelle évolue une monnaie.

Prenons l’exemple de l’euro et de la zone européenne en 2022.

Le contexte géopolitique est extrêmement tendu. Entre la guerre Russie Ukraine qui déstabilise les marchés boursiers mondiaux et la crise énergétique qui fait suite aux sanctions de l’occident contre la Russie, la stabilité n’est pas au rendez vous. Et dans ce cadre, il est difficile pour les investisseurs, qu’ils soient en zone euro ou hors zone euro de se projeter au sein de l’Europe et de l’Union Européenne. Ainsi, depuis la guerre Russie Ukraine, il y a une perte de confiance dans les entreprises européennes qui se traduit par une fuite ou une esquive des investisseurs vis à vis des produits de la zone européenne.

De plus, à cette situation géopolitique tendue, s’ajoute l’inflation post covid mais également due à cette instabilité. L’inflation mène à la politique monétaire sévère de la part des banques centrales qui vont, pour contrer l’inflation, augmenter leurs taux directeurs. Ainsi, l’inflation provoque déjà une dépréciation de la valeur de la monnaie fiat concernée incitant les citoyens et investisseurs à se détourner vers une monnaie fiat plus forte ou d’autres valeurs refuges comme l’or let l’argent par exemple.

C’est exactement ce que subit l’euro en ce moment. Les investisseurs fuient l’euro pour se réfugier vers le dollar ou du moins les entreprises américaines. C’est en partie ce qui explique pourquoi l’euro a chuté tandis que le dollar a augmenté.

Concernant la politique monétaire des banques centrales, la hausse des taux directeurs impacte aussi la valeur des monnaies fiduciaires. Par exemple, aux Etats Unis, la Réserve Fédérale américaine a établi une hausse des taux à 4,25-4,50% contre 2,50% en Europe via la hausse établie par la banque centrale européenne. Ainsi, cette différence de taux entre les 2 zones provoque un déséquilibre accentué entre le dollar et l’euro car plus un taux est bas et moins il permet de limiter l’inflation quand elle est trop forte. Ainsi, les investisseurs préfèreront se diriger, en cas d’inflation, vers une zone qui a des taux plus élevés car ils penseront que la bataille contre l’inflation sera plus rapidement terminée.

La balance commerciale a aussi un lien avec la valeur d’une monnaie fiduciaire puisque sa santé découle directement des bénéfices liés au ratio exportation/importation. En effet, plus une monnaie fiduciaire est forte et mieux sera l’importation. Cependant, cela pourra aussi freiner l’exportation, excepté si le contexte géopolitique s’y prête (exemple du marché énergétique, le gaz est devenu si rare en Europe que les européens seront prêts à le payer plus cher, les Etats Unis ont vu le dollar augmenter tout comme leurs exportations qui étaient pourtant rendues moins compétitives à cause de l’appréciation du dollar).

Enfin, la récession peut être la pire cause de la chute de la valeur d’une monnaie fiat.

Pour cela, il suffit de prendre les exemples du Venezuela et du Liban. Avant de développer sur ces pays, il est nécessaire de rappeler qu’une récession est la chute du PIB (Produit Intérieur Brut) d’un pays sur 2 trimestres consécutifs. Le PIB est l’indicateur qui permet de mesurer la production de richesse globale d’un pays. Ainsi, une récession est donc une chute de la production de richesse d’un pays durant 2 trimestres consécutifs. Or, le Venezuela, avant de voir son bolivar perdre 14 zéros contre le dollar a subi une chute du PIB de 81,2% entre 2013 et 2020. (Source: https://www.tresor.economie.gouv.fr). De même pour le Liban dont le PIB a chuté de 58,1% entre 2019 et 2021 (Source: https://www.banquemondiale.org) et dont la livre libanaise a perdu 95% de sa valeur par rapport au dollar dans le même temps.

Ainsi, on observe bien que la récession grave, causée par l’ensemble des facteurs cités au préalable (inflation, hausse des taux directeurs, crises covid ou énergétique, marché financiers déstabilisés, etc…) se caractérise par une chute du PIB puis une chute de la valeur de la monnaie fiat en vigueur dans le pays subissant cette récession.

La récession grave est donc l’ultime signal avant la chute d’une monnaie fiat.

Source: https://www.vie-publique.fr

2) Une récession grave pour 2023 ?

Or, de nombreuses institutions, entreprises, analystes et économistes prévoient une récession en 2023.

Notamment Blackrock qui prévoit une récession comme nous jamais vue en 2023.

Mais aussi Christian de Boissieu, économiste qui s’alarme également d’une possible récession pour l’année prochaine. (Source: https://www.publicsenat.fr).

Ces prévisions vont jusqu’à la Banque de France qui ne privilégie pas le scénario de la récession mais qui ne l’exclut pas non plus en France. (Source: https://www.bfmtv.com) De même que le FMI ou encore l’OCDE qui tablent sur une croissance en baisse en 2023 mais pas au point de provoquer une récession au niveau mondial.

Les avis des autorités financières contrastent donc avec les avis des entreprises financières comme Blackrock, mais le sentiment global penche plutôt vers une baisse au minimum de la croissance en 2023 et au pire une récession grave.

Cependant, les avis les plus positifs concernent l’échelle mondial qui, contrairement à l’Europe, n’inclut pas de crise énergétique. Quel que soit le scénario qui va arriver, il est donc évident que la zone euro subira les plus grosses conséquences économiques comparé au reste du monde car si ce n’est pas à cause de la crise énergétique ce sera en raison de la guerre Russie Ukraine. En zone euro, des crises viennent donc se greffer à la politique monétaire agressive de la BCE qui à elle seule peut mener à la récession par la hausse de ses taux directeurs.

En tout cas, espérons que ce sera l’avis des autorités financières mondiales qui l’emportera car sinon, il y aura de fortes chances pour que le PIB de la zone euro, par la définition même de la récession, soit en chute libre et entraîne avec lui la chute de l’euro dans un scénario identique à celui du Venezuela, puis du Liban.

Voir article sur la récente hausse des taux directeurs des banques centrales :


Voir article sur les solutions possibles en cas de blackout et de récession grave en 2023 :

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par Anders Noren.

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