La riposte ne s’est donc pas fait attendre longtemps. Alors que l’embargo contre le pétrole russe est entré en vigueur le 5 décembre 2022, la Russie a annoncé ce 27 décembre que tous les pays qui plafonneraient le prix des barils de pétrole russe ne seraient plus livrés. Vladimir Poutine l’a confirmé et validé en signant un oukase (décret) qui sera mis en place pour une durée de 5 mois.
“La livraison de pétrole et de produits pétroliers russes à des personnes morales étrangères et autres particuliers est interdite si ceux-ci utilisent le prix plafond” (extrait de l’oukase signé par Vladimir Poutine).
Source: https://www.lemonde.fr
Pour rappel, l’embargo actuel de la majorité de l’occident (G7, Australie, UE) contre le pétrole russe porte sur 2 axes :
- 90% des importations de pétrole russe arrêtées nettes au sein de l’Union Européenne. Ce qui représente une amputation de presque 25% du pétrole total importé par l’UE chaque année.
- Un plafonnement du prix du baril de pétrole brut russe fixé à 60 dollars afin de limiter le commerce mondial du pétrole russe.
C’est donc sur le deuxième axe que la riposte russe est attendue. Cette contre attaque est attendue au 1er février 2023 et entrera donc en vigueur en même temps quasiment que le deuxième embargo que veut mettre en place l’occident contre les produits pétroliers raffinés russes cette fois, c’est à dire les produits “pétroliers terminés”, ayant déjà subi les étapes de raffinage (essence, diesel, etc…).
Avec cette mesure, la Russie valide également le fait qu’elle va devoir encore diminuer sa production, entre 5 et 7% rien qu’en janvier 2023 ce qui représenterait entre 500 000 et 700 000 barils de pétrole par jour en moins, dans un contexte ou la production de pétrole mondiale a déjà chuté en octobre 2022 de 2 millions de barils de pétrole par jour d’un commun accord entre les membres de l’OPEP+. (Source: https://www.capital.fr).
Si sur le fond, cette mesure ne change pas grand chose par rapport aux enjeux géopolitiques des embargos en cours contre la Russie, elle confirme néanmoins qu’une étape de plus est franchie dans la déstabilisation du marché du pétrole mondial car la Russie est l’exportatrice n°2 de pétrole dans le monde et une chute de sa production va logiquement engendrer une augmentation des prix du pétrole alors que la demande est en croissance constante au niveau des pays en développement comme l’Inde et la Chine.
De plus, tous les pays qui plafonnent les prix du pétrole russe et qui sont donc concernés par cette riposte de la Russie sont en réalité hors de danger. L’UE a déjà coupé 90% de ses arrivées de pétrole russe tandis que les Etats Unis et l’Australie ont très peu de liens commerciaux voir aucun avec la Russie.
Cette mesure prise par la Russie est donc plus symbolique qu’autre chose et peut même être un massage lancé au monde entier pour dissuader d’autres partenaires stratégiques de la Russie d’imiter l’occident avec l’embargo et sa stratégie de plafonnement.
Laisser un commentaire