Alors que l’année 2022 s’achève dans un contexte tendu pour les cryptomonnaies (chute de Terra Luna ou encore de FTX), il est important de prendre du recul afin de rester sur les faits et non sur les préjugés.
Car ce qui pénalise le plus les cryptomonnaies aujourd’hui, bien plus que les événements comme la faillite de FTX, ce sont bien les avis des politiques qui dénoncent l’impact négatif des cryptos vis à vis du réchauffement climatique et des opérations criminelles sans prendre le temps de vraiment de s’attarder sur la technologie qui a permis la naissance de la cryptomonnaie.
1) Une impression de déjà vu
Traiter de tous les noms une technologie numérique émergente n’est pourtant pas une première dans l’histoire puisqu’il y a plus de 20 ans, lors de la démocratisation d’Internet, n’importe quelle personne ayant flirté de prés ou de loin avec ce milieu à l’époque peut témoigner que les discours des politiques vis à vis de l’Internet démontraient que ce dernier était surtout destiné aux criminels et que les internautes, ses utilisateurs, étaient tous des terroristes, bandits et/ou pédophiles. (Source: https://www.slate.fr).
Pourtant, quelques 20 ans plus tard, 4,6 milliards d’ordinateurs sont connectés à Internet (2021) et plus de la moitié de la planète se sert d’Internet au quotidien, sans compter le fait que les plus grosses entreprises du monde sont des géants du numérique qui se sont glissés dans le sillage du développement de l’Internet : Facebook, Amazon ou encore Twitter.
Ainsi, lorsque l’on entend les nombreux préjugés sur le Bitcoin et les cryptos comme quoi ils serviraient essentiellement pour la criminalité, on peut se demander si les personnes qui prêtent à ce genre de déclarations connaissent réellement le sujet. Par exemple, en 2020, Bruno Lemaire n’a pas caché son avis sur les cryptomonnaies, pour lui, il est clair qu’elles favorisent les opérations criminelles. (Source: https://www.latribune.fr). De même pour Christine Lagarde, la présidente de la Banque Centrale Européenne qui a déclaré, lors d’une interview sur BFM TV en 2021 que les cryptomonnaies étaient surtout utilisées par les criminels juste avant de vanter les propriétés du futur euro numérique qui possède pourtant les mêmes fondamentaux que les mêmes cryptomonnaies qu’elle critique.
L’avis des autorités financières est donc plutôt clair, en Europe en tout cas. Hors de question que l’on considère les cryptomonnaies comme quelque chose de positif puisqu’elles sont l’apanage des criminels selon elles.
Comme si le réseau bancaire traditionnel n’était pas utilisé lui aussi à des fins criminelles…
Pour démontrer que nous sommes dans le même cas de figure de préjugés que lors des débuts de l’Internet, Chainalysis a effectué une étude sur la criminalité au sein du milieu des cryptomonnaies et le résultat est sans appel. En 2021, seulement 0,15% des transactions en crypto étaient destinées aux opérations criminelles. (Source: https://blog.chainalysis.com).

Source: https://blog.chainalysis.com
Pour information, Chainalysis est une entreprise d’analyse Blockchain qui a permis de faire la lumière sur plusieurs affaires, comme le hack de Mt Gox en 2014. L’entreprise a également aider le département de la justice américaine à fermer le plus gros site internet pédophile au monde en 2019 et de façon plus générale, Chainalysis aide les autorités fédérales américaines à retracer les transactions illicites en cryptomonnaies en remontant les informations au sein des Blockchains. Par exemple, depuis sa création, Chainalysis a permis au gouvernement américain de récupérer 1 milliard de dollars de transactions criminelles liées à Silk Road le célèbre marketplace du darkweb.
De plus, la Blockchain étant transparente, infalsifiable et experte dans le stockage des informations, il devient de plus en plus difficile, au fur et à mesure que les plateformes Exchanges mettent en place des mesures obligeant les utilisateurs à donner leurs identités aux criminels, d’utiliser les cryptomonnaies et donc la Blockchain de façon sécurisé pour eux. Car contrairement à une opération bancaire ou de blanchiment d’argent dont la trace peut être perdue dans le temps au bout de quelques années, la Blockchain elle stocke les informations de toutes les transactions pour une durée illimitée. Des criminels sont donc rattrapés aujourd’hui en 2022 pour des opérations illégales effectuées en cryptomonnaies à la naissance du Bitcoin il y a plus de 10 ans.
Conclusion:
Sur la base de tels faits, on peut donc s’amuser à retourner les préjugés de l’utilisation criminelle des cryptos contre le système bancaire traditionnel qui est en réalité bien plus prolifère pour les opérations criminelles car bien plus opaque que la Blockhain. Seulement on en entend moins parler car non seulement c’est plus opaque, donc camouflé, mais c’est surtout plus connu et donc moins choquant.
Et pour répondre à la question : est ce que les cryptomonnaies sont en majorité utilisée pour les opérations criminelles, la réponse est non de façon évidente désormais.
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