Les cryptomonnaies interdites en Chine mais pas les NFTs ! Comme en Europe ?

Aussi étonnant que cela puisse paraître, la Chine qui a banni les cryptomonnaies, le minage et surtout le Bitcoin, a pourtant mis en place une régulation permettant aux chinois, non seulement d’acheter des NFTs mais en plus de protéger leurs investissements en instaurant un cadre légal qui stipule que les NFTs sont des titres de propriétés avec tous les avantages et inconvénients que cela représente au niveau juridique.

1) Un cas qui fait jurisprudence

En effet, tout est parti d’un litige entre un citoyen chinois et une plateforme spécialisée dans la vente de NFTs. L’affaire qui s’est déroulée à Hangzhou en est venue à devenir un cas de jurisprudence en Chine puisque le tribunal a déclaré que les transactions de ce type sont équivalentes à la vente de biens numériques en ligne et constituent donc des activités de commerce électronique régies par la loi chinoise sur le commerce électronique.

Le tribunal a également déclaré que la loi chinoise n’expliquait pas clairement le cadre légal autour des NFTs mais que rien dans les NFTs ne représentait une infraction de la loi chinoise. Ainsi, il fallait donc protéger les NFTs pour protéger la loi chinoise selon ce même tribunal.

Depuis, le gouvernement chinois a revu sa copie et mis en place un cadre plus précis au niveau de la législation des NFTs. Ainsi, la création d’un NFT est autorisée mais seulement à partir de blockchains agrées par le gouvernement. L’achat de NFTs ne peut se faire qu’à partir de monnaies fiats et les NFTs doivent être confinés à l’état de collection numérique.

2) Après la législation, la commercialisation ?

Dans le même temps, la Chine vient d’annoncer sa propre marketplace internationale de NFTs qui devrait se lancer au premier janvier 2023.

Ce lancement est d’autant plus surprenant que Tencent, le géant du numérique chinois avait été contraint de fermer sa propre marketplace de NFT cet été en Chine à cause de l’évolution du cadre légale :


Aujourd’hui, on comprend que le gouvernement chinois a fait fermer toutes les marketplaces NFTs afin de pouvoir lancer sa propre plateforme sans qu’il n’y ait aucune concurrence en interne.

Les arguments de la Chine pour justifier cette réalité sont bien évidemment la protection des citoyens chinois et la sécurité des données et des NFTs achetés.

Avec ce marketplace officiel, la Chine fait d’une pierre deux coups. Elle peut désormais contrôler et juguler les activités liées aux NFTs sans frustrer de manière trop directe les investisseurs de NFTs qui se seraient tournés vers d’autres plateformes internationales si la Chine avait banni purement et simplement les NFTs, exactement comme ce fut le cas avec les cryptomonnaies, mais en plus elle va pouvoir, avec l’aide des blockchains liées à cette marketplace, collecter les données de ses citoyens tout en générant des revenus supplémentaires de la vente des NFTs.

Le contrôle est donc renforcer.

3) Une marketplace qui en dit long sur les impacts politiques et économiques des cryptomonnaies

L’émergence de cette marketplace officialisée par un gouvernement qui a banni le minage de cryptomonnaies et les cryptomonnaies de son sol représente une surprise de taille pour tout le monde.

Mais si l’on analyse en profondeur ce revirement, il en ressort des données que l’on pourrait qualifier de moins surprenante dans le contexte que nous traversons au niveau mondial.

L’étau se ressert sur les cryptomonnaies à l’échelle mondiale. Que ce soit en occident ou en Asie, la régulation commence à sérieusement pointer le bout de son nez. Si la Chine a interdit les cryptomonnaies, ce n’est pas encore le cas des gouvernements occidentaux qui eux se basent plutôt sur les futures lois Mica et TRF. En plus de ces cadres juridiques renforçant les contrôles des autorités financières sur les cryptoactifs, ces mêmes autorités financières, dont la banque centrale européenne par exemple, ne cachent pas leur aversion pour la cryptomonnaie, allant même jusqu’à qualifier le Bitcoin d’insignifiant et utilisé en majorité par les criminels.

Le sentiment général des autorités est donc plutôt de limiter, si ce n’est d’interdire les cryptomonnaies.

Pourtant, aucun cadre légale n’interdit les NFTs, que ce soit en Chine comme nous l’avons plus haut ou que ce soit partout ailleurs dans le monde. Il faut donc rappeler que des NFTs sont des cryptomonnaies et dérivent également de la technologie souche qu’est la blockchain.

Nous avons donc le schéma suivant :


Au premier abord, il est donc étonnant de voir que la conséquence de l’émergence d’une technologie n’est bridée qu’à moitié. Les cryptomonnaies sont largement attaqués tandis que les NFTs sont ignorés au pire, adoptés au mieux, même par ceux qui ont interdit els cryptomonnaies comme la Chine.

Pour rappel, les NFTs sont également des cryptomonnaies. Un NFT est un token non fongible, c’est à dire unique ou crée en édition très limité contrairement au Bitcoin par exemple qui est fongible, c’est à dire que les 21 millions de bitcoins sont tous identiques les uns par rapport aux autres.

Si on fait une analyse, on comprend rapidement que les gouvernements et les banques centrales s’en prennent en réalité aux cryptomonnaies du type Bitcoin parce qu’elles représentent une menace pour leur pouvoir et surtout pour leurs futures monnaies numériques comme l’euro numérique, le yuan numérique ou encore le dollar numérique. Pour justifier leurs attaques contre les cryptomonnaies, ils vont brandir les arguments de la protection des citoyens et de l’aspect criminel des cryptomonnaies, comme le montre très bien l’interview de la présidente de la banque centrale européenne ci dessous :

Interview de février 2021: « C’est en général ces éléments là qui sont utilisés pour le financement d’un certain nombre de commerces qui se passent sur le Dark Web »

Car sinon, pourquoi n’interdire que les cryptomonnaies et pas l’ensemble de la technologie appartenant au milieu des cryptomonnaies : les NFTs et surtout la Blockchain qui est la technologie derriére les cryptomonnaies ?

Tout simplement parce que les NFTs et la Blockchain ne représentent aucun danger pour le pouvoir économique des autorités financières et gouvernementales. En effet, les NFTs, sont catalogués comme des titres de propriétés virtuelles (art, collection, etc…) et sont donc plus du domaine du divertissement. Quant à la Blockchain, elle est tout simplement trop avantageuse pour ces mêmes gouvernements qui l’utilisent de plus en plus pour améliorer la collecte des données numériques, la traçabilité ou encore la qualité. De même pour les entreprises qui font de plus en plus appel à la Blockchain pour améliorer leurs rendements et donc optimiser leur chiffre d’affaires et diminuer au maximum leurs frais logistiques par exemple.

Fait encore plus incroyable, le futur euro numérique sera peut être développé à partir de la Blockchain comme il est indiqué sur le site de la banque centrale européenne :

« Question 4 Un euro numérique reposera-t-il sur une technologie des grands livres distribués (distributed ledger technology, DLT), par exemple la blockchain ?

L’Eurosystème teste plusieurs approches et technologies permettant de fournir un euro numérique, y compris des solutions centralisées et décentralisées, comme la DLT. Aucune décision n’a cependant été prise à ce stade. »

Source: https://www.ecb.europa.eu

Conclusion :

Après tous les efforts effectués par la banque centrale européenne pour critiquer le Bitcoin et les cryptomonnaies en général, il est incroyable que la réponse à la question concernant un euro numérique basé sur la blockchain ne soit pas dirigé vers un « NON » catégorique, ferme et sans retour. Le fait que la banque centrale européenne réfléchisse à utiliser la Blockchain, c’est à dire la technologie faisant tourner le Bitcoin et toutes les cryptomonnaies est effarant d’hypocrisie.

Il est donc clair que si les NFTs et la blockchain ne sont pas interdits ou aussi polémiqués que les cryptomonnaies comme le Bitcoin, c’est bien parce qu’ils ne représentent pas de danger pour les autorités au niveau du pouvoir économique.

Car, si l’on devait se baser uniquement sur la sécurité des citoyens au niveau de leurs investissements, les NFTs représentent un bien plus grand danger encore que les cryptomonnaies car même si leur volume d’utilisation a explosé depuis 2020, ils sont encore plus spéculatifs que les cryptomonnaies fongibles.

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par Anders Noren.

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