La Croatie est un pays membre de l’Union Européenne depuis 2013 et rentrera en zone euro au 1er janvier 2023, c’est à dire que la Croatie mettra définitivement sa monnaie officielle de côté, le kuna, pour se tourner à 100% vers l’euro. De plus, elle va également, dans le même temps, être le 27 éme pays de l’UE à intégrer l’espace Schengen. Ainsi, les citoyens des pays membres de cet espace pourront se déplacer en toute liberté sans contrôles aux frontières avec la Croatie comme le stipule la zone Schengen.
Source: https://ec.europa.eu
1) La Croatie gagnante
La Croatie avait posé sa candidature pour intégrer la zone euro en 2013 au moment de son intégration au sein de l’Union Européenne.
Le ministre Croate Andrej Plenkovic a souligné une importance stratégique dans cette entrée de la Croatie dans la zone euro. En effet, dans un contexte géopolitique tendu aux portes de l’Europe avec la guerre Russie Ukraine, ce sont les marchés financiers qui tanguent et l’inflation qui galope.
La Croatie fait partie des pays membres de l’UE qui subissent la plus forte inflation avec 13,5% contre une moyenne de 10% dans le reste de l’UE, comme le montre le graphique ci dessous:

Ainsi, une adoption de l’euro va permettre un rebond de l’économie Croate selon les dires de certains dirigeants des autorités financières Croates, comme Ana Sabic qui travaille au sein de la banque centrale Croate.
Cela permettrait également, par l’adoption de l’euro comme monnaie unique de favoriser les emprunts de la Croatie qui étaient auparavant gênés par leur monnaie officielle le kuna, inconnu des radars financiers mondiaux.
Enfin, le fait de rejoindre l’espace Schengen permettrait à la Croatie d’également accroître son flux touristique qui constitue à lui seul 20% du PIB de la Croatie.
2) L’Union Européenne gagnante ou perdante ?
Les avantages pour l’UE sont clairs. Dans un contexte géopolitique tendu entre l’UE et la Russie, en intégrant la Croatie dans sa zone euro et dans son espace Schengen, l’UE envoie un signal au reste du monde : l’Europe resserre ses liens et est plus que jamais soudée face à l’adversité. De plus, le fait que la Croatie adopte l’euro envoie également un signal aux investisseurs étrangers, dévoilant que l’euro est encore attractif malgré sa récente chute de valeur par rapport au dollar en 2022.
L’objectif de l’UE est donc autant symbolique qu’économique. L’entrée de la Croatie en zone euro va favoriser l’économie d’un des pays qui subit la plus forte inflation depuis le début de la guerre Russie Ukraine. Et donc indirectement, cela permettra de favoriser sur le court terme l’économie globale de l’UE, car si la Croatie fait baisser son inflation, c’est l’inflation moyenne au sein de l’UE qui baissera donnant du grain à moudre à toutes les castes politiques gouvernementales ou financières.
Cependant, sur le moyen et long terme, il n’est pas encore évident que l’UE n’y tire que des avantages, car déjà très disparate, l’Union Européenne vient de rajouter encore un domino dans l’hétérogénéisation de son fonctionnement général et surtout de son économie. En effet, sur le plan de la vie sociale et économique, il peut paraître dangereux de faire vivre de la même façon prés de 347 millions de personnes sous une monnaie unique alors que les niveaux de vie sont totalement différents d’un pays à l’autre au sein de l’UE.
Et tout le monde se rappelle de la Grèce en 2010 qui a failli entraîner dans sa chute l’économie de l’UE au grand complet alors que la Grèce représentait à l’époque déjà seulement prés de 1% du PIB de l’Union Européenne et une dette de 100 milliards d’euros à éponger. La Grèce n’a finalement dû son salut que par la générosité et la solidarité de l’UE et surtout l’intervention de la Banque centrale européenne.
Il est également à rappeler que la Croatie ne respecte pas les conditions d’adhésion à la zone euro et à l’espace Schengen car sa dette avoisine les 70% par rapport à son PIB, bien au dessus des 60% maximum exigés et son inflation est beaucoup trop élevée d’au moins 10 points et fait partie des pays subissant la plus forte inflation au sein de l’UE.
Ainsi, on peut se demander si l’intégration de la Croatie au sein de l’UE n’est pas plus un avantage politique qu’un avantage économique pour l’UE. Or le politique ne vise que le court terme, l’économique lui vise le long terme.
Conclusion:
Cette intégration de la Croatie au sein de la zone euro et de l’espace Schengen est donc une bonne chose pour les Croates. L’UE en tire des avantages sur le court terme, ce qui lui permettra de limiter, peut être, la casse en 2023 sur le plan économique avec l’arrivée potentielle d’une des pires récessions jamais vues. La santé de la monnaie unique euro pourrait donc se voir consolider avec l’arrivée de la Croatie sur le court terme. Cependant, ce faisant, il est à noter que l’intégration en cette période troublée, au niveau géopolitique, de la Croatie interroge en même temps sur la solidité économique de l’UE car le fait que celle ci se déclare, par le biais de ses officiels, avantagée dans une intégration de la Croatie alors que celle ci ne respecte pas les critères d’adhésion (dette et inflation trop élevées) et ne fait pas partie des plus grosses puissances économiques de l’UE a de quoi faire hausser les sourcils, car cela veut dire que notre économie est si instable que même la Croatie peut faire pencher la balance.
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