Le système des retraites des paysans (salariés, chefs d’entreprises…) et celui des seigneurs (hauts fonctionnaires, députés, etc…)

La retraite est un sujet brûlant en ce début 2023. Avec le recul de l’âge légal de départ à la retraite mis en avant par le gouvernement macroniste, c’est le branle bas de combat dans toute la France de la part des travailleurs et des syndicats.

Le but de cet article est donc de faire la comparaison entre les retraites de la minorité (haut fonctionnaires du gouvernement) qui veut imposer une augmentation du temps de travail pour la majorité (tous les autres).

Car, avant d’avaler la couleuvre que ce soit à tort ou à raison en fonction des arguments économiques brandis par le gouvernement de façon énergique (ou énergétique pour être dans l’autre tendance du moment), il serait intéressant de voir quelles sont les retraites de nos députés, ministres et présidents de la République pour voir s’ils donnent l’exemple et méritent que l’on courbe l’échine devant cette énième réforme des retraites comme les bons paysans que nous sommes.

1) La retraite pour la majorité des salariés

Si cette réforme entre en vigueur, l’âge légal de départ à la retraite passera donc de 62 ans à 64 ans. Cette augmentation devrait se faire de manière progressive d’ici 2030. Ainsi, l’âge légal de départ sera fixé à 64 ans en 2030 et à 63 ans et 3 mois en 2027 par exemple.

Cet âge légal, s’il est adopté, sera un record dans l’histoire de la retraite en France.

Depuis sa création en 1945 avec la Sécurité Sociale, l’âge légal de départ à la retraite était fixé à 60 ans avec possibilité de partir à 65 ans pour obtenir des bonus.

De nombreuses réformes ont eu lieu depuis 1945 non pas sur l’âge légal de départ à la retraite mais plutôt sur la durée nécessaire de cotisation. Par exemple, la réforme de Balladur en 1993 a conduit à une augmentation de la durée de cotisation pour obtenir le “100%” de pensions de 10 trimestres. Pour toucher leur retraite à taux pleins, les français devaient donc cotiser 40 ans contre 37 ans auparavant. Bien que l’âge légal de départ à la retraite n’ait pas été changé par cette réforme, le changement de la durée de cotisation a amené les français à partir plus tard en retraite. Pour être précis, selon une étude de 2009 du ministère du travail, cette réforme aurait conduit à repousser l’âge de départ à la retraite dans une moyenne de 8 mois.

Les réformes qui ont suivi celle de Balladur ont d’abord concerné les autres régimes de retraites (fonctionnaires, régimes spéciaux des cheminots, d’EDF, etc…) pour les aligner sur le secteur du privé.

Ce n’est qu’en 2010 que l’âge légal de départ à la retraite a finalement été repoussé de 60 ans à 62 ans officiellement dans le cadre de la réforme de Woerth.

Enfin, en 2023, l’âge légal de départ à la retraite devrait être de nouveau repoussé à 64 ans.

Source: https://fr.wikipedia.org

2) La retraite des haut fonctionnaires et parlementaires

Les haut fonctionnaires sont surtout les cadres dirigeants au sein des plus hautes sphères de l’Etat. Dans cette caste sont également inclus les parlementaires, sénateurs et députés. Ils sont au nombre de 15 000. Ce sont principalement des personnes qui ont fait des écoles prestigieuses comme l’ENA.

Ces haut fonctionnaires possèdent des responsabilités certes mais également de grands privilèges que ce soit au niveau de leurs rémunérations mais également de leurs retraites.

Un parlementaire ou député touche 1368 euros de pension de retraite au bout de 2 mandats, c’est à dire 10 ans. En 10 ans, les députés touchent donc ce que les français touchent en moyenne en cotisant toute leur vie. Pire encore, en 2033, les députés devront seulement cotiser un an de plus, 43 ans, par rapport aux français qui devront cotiser 2 ans de plus, 44 ans, avec la nouvelle réforme. Ainsi, en moyenne, un député touche une retraite de 2675 euros par mois net lors d’un départ à la retraite à 62 ans pour le moment en attendant la nouvelle réforme.

Un sénateur peut toucher plus de 2000 euros net après un seul mandat de 6 ans. De même que pour les députés, la durée de cotisation pour les sénateurs sera relevé à 43 ans en 2033 et est à 42 ans aujourd’hui avec un âge légal de départ à la retraite fixé à 62 ans. Ainsi, en moyenne, un sénateur touche une retraite de prés de 3800 euros par mois net.

Source: https://www.francetvinfo.fr

Source: https://www.publicsenat.fr

Les ministres, aussi surprenant que cela puisse paraître touchent le régime normal de retraite des fonctionnaires : la CNAV et l’Ircantec.

Outre cette retraite du même acabit que les paysans, le ministre touche néanmoins une indemnité de départ de 15 000 euros plus 10 000 euros par mois pendant 3 mois. Au total c’est un remerciement de 45 000 euros pour bons et loyaux services.

Pour les Premiers Ministres, c’est la même chose, excepté les quelques avantages en nature comme un garde du corps à vie ainsi qu’un assistant personnel. Enfin, ils ont tous une voiture de fonction à vie.

Source: https://www.la-retraite-en-clair.fr

Source: https://www.parismatch.com

Enfin, le Président de la République touche aujourd’hui une dotation et non une retraite car certains présidents français ont terminé leurs mandats avant l’âge légal de la retraite. A la fin de leurs mandats, un président touche donc une dotation mensuelle de 5496 euros. De plus, les anciens présidents possèdent des avantages en nature : Un agent de service et 3 collaborateurs. Un logement meublé payé par l’Etat et les frais de déplacements sont pris en charge. Enfin, lorsqu’ils atteignent l’âge légal de départ à la retraite, ils cumulent ces avantages avec leur vraie retraite qui est souvent assimilée au minimum à celle des députés !

A noter que les avantages évidents des haut fonctionnaires ont été pointé du doigt par certains députés de l’Assemblée nationale en 2010 déjà, car ces députés avaient écrit un amendement visant à faire basculer le régime de retraite des parlementaires sur le régime général des paysans.

Malheureusement, mais non surprenant, cet AMENDEMENT N° 249 présenté en 2010 a été largement rejeté à l’Assemblée nationale tout parti confondu. Il est ironique de constater que la minorité de seigneurs n’est pas du genre à adopter pour elle même ce qu’elle veut imposer aux autres.

Source: https://www.assemblee-nationale.fr

3) La réforme des haut fonctionnaires

Pour aller encore plus loin dans la comparaison, une autre réforme que celle des retraites entrera en vigueur en 2023, celle de la haute fonction publique et des haut fonctionnaires donc, justement.

Cette réforme a pour objectif de créer un corps unique des administrateurs de l’État de façon à :

  • Décloisonner et dynamiser les parcours de l’encadrement supérieur de l’État, en valorisant l’engagement et la responsabilité.
  • Refondre la formation initiale à l’Institut national du service public (INSP) et les conditions de recrutement des cadres supérieurs par une approche centrée sur les compétences et l’adaptation des profils aux postes
  • Amplifier le développement de l’accompagnement individuel des hauts fonctionnaires et le pilotage interministériel des parcours

Bien sur, cette réforme met également l’accent sur l’augmentation de la rémunération de ces haut fonctionnaires comme le stipule l’article présent sur le portail de la fonction publique :


Conclusion :

Outre le fait que le report de l’âge légal de la retraite était qualifiée d’hypocrisie en 2019 par Emmanuel Macron lui même, il parait évident que la caste des haut fonctionnaires, elle, garde tous ses privilèges tout en imposant son idéologie à tous les autres.

Source: https://www.radiofrance.fr

Car non seulement, ces haut fonctionnaires veillent sur leurs avantages comme le montre l’amendement rejeté de 2010 mais en plus continuent d’accroitre leurs rémunérations grâce à la nouvelle réforme de 2023 avec pour enjeu la création du corps unique des administrateurs de l’État.

Ainsi, le plus dérangeant dans cette réforme n’est finalement pas le fait que le gouvernement demande plus d’efforts de la part des citoyens mais bien de demander plus d’efforts sans en faire de son côté également et donc sans montrer ni l’exemple ni le leadership que les fonctions des députés, sénateurs, ministres et du président de la république lui même exigent.

C’est encore plus visible lorsque l’on regarde les scènes de cour de récréation qui se déroulent à l’Assemblée nationale.

https://www.francetvinfo.fr

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par Anders Noren.

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