Pénurie de Diesel, à partir du 5 février 2023, à cause du prochain embargo contre la Russie !?

Après l’embargo du du 5 décembre 2022 sur le pétrole brut russe, vient donc le tour des produits pétroliers raffinés russes.

1) Les produits pétroliers raffinés, qu’est ce que c’est ?

Il y a 2 types de ressources au niveau du pétrole:

  • Le pétrole brut qui est recueilli tel quel par les plateformes de forage terrestre ou maritime.
  • Les produits pétroliers raffinés qui étaient à l’origine du pétrole brut. Ces produits ayant reçu des opérations de raffinage, ils ont été transformé en essence, diesel, etc…

2) Pourquoi ce nouvel embargo ?

Les embargos s’enchainent. L’objectif évident est d’affaiblir la Russie sur le plan économique afin d’aider l’Ukraine dans son effort de guerre.

Source: https://www.consilium.europa.eu

Or, sur le plan économique, le pétrole fait partie des plus grandes sources de revenus pour la Russie comme l’indique l’étude du CREA, avec des recettes avoisinant en moyenne les 104 milliards de dollars par an rien qu’avec les échanges commerciaux avec l’Europe. (Source: https://www.publicsenat.fr)

Source:https://reporterre.net/IMG/pdf/advance_financing_putin_s_war_fossil_fuel_exports_from_russia_in_the_first_six_months_of_the_invasion_of_ukraine.pdf

Or, la moitié des exportations énergétiques russes sont concentrées vers l’Europe.

Sanctionner la Russie, c’est donc, pour les autorités politiques et financières de l’UE, perturber ses revenus commerciaux liés au pétrole qu’ils soit brut ou déjà raffiné en autres produits pétroliers.

Ce nouvel embargo fait donc suite à celui du 5 décembre 2022 mais représente la même gamme de sanctions contre la Russie.

3) Les conséquences concrètes de ces embargos sur le pétrole russe (brut et raffiné)

Avant de parler des conséquences du prochain embargo du 5 février 2023, analysons les conséquences du précédent embargo du 5 décembre 2022.

Si les exportations de pétrole brut russe vers l’UE représentent la moitié du marché des exportations de pétrole brut de la Russie, cela représente pour l’UE environ 25% des arrivées totales de pétrole brut.

Depuis fin 2022, les importations de pétrole brut russe sont donc presque totalement gelées (excepté pour les pays baltes).

La Russie n’exporte donc plus de pétrole quasiment vers l’UE mais a totalement changé ses partenariats commerciaux en privilégiant l’Inde et la Chine par exemple.

A tel point que l’Inde est devenue le premier importateur de pétrole brut russe en ce début d’année 2023 avec 1,2 millions de barils de pétrole brut russe importés par jour. (Source: https://www.lesechos.fr)

A titre de comparaison, l’UE importait encore 2,6 millions de barils de pétrole brut russe par jour en janvier 2022.

Quant à la Chine, celle ci a doublé ses importations de GPL russe (gaz pétrolier liquéfié) en 2022. (Source: https://www.zonebourse.com)

La Russie est donc déjà en train de renforcer ses exportations auprès de la Chine et de l’Inde dans des proportions explosives comme le montre les chiffres de 2022. Avant la guerre Russie Ukraine, l’Inde importait dans son total de besoin pétrolier moins de 1% de pétrole russe. En fin d’année 2022, le pétrole brut russe dépassait 25% de son total d’importation de pétrole. Si ces chiffres continuent à augmenter, la Russie n’aura aucun mal à totalement remplacer l’Europe en tant qu’ancien partenaire stratégique.

Côté occident, sur les 2,6 millions de barils de pétrole russe que l’UE importait chaque jour début 2022, plus de la moitié ont été remplacé par d’autres partenariats commerciaux, notamment les Etats Unis et la Norvège, mais malgré les efforts de l’UE il resterait pas moins de 1 million de barils de pétrole par jour à compléter pour totalement remplacer le pétrole brut russe. Malheureusement pour l’UE, la Russie a également annoncé qu’elle coupait les livraisons de pétrole à tous les pays qui plafonnaient son pétrole. Les pays baltes qui ne peuvent pas se passer du pétrole russe et qui ont obtenu une dérogation pour continuer à importer du pétrole russe verront donc leurs importations coupées cette fois par la Russie puisqu’ils font partie des pays occidentaux qui ont plafonné le prix du baril de pétrole russe à 60 dollars. (Source: https://www.bfmtv.com)

Inévitablement, l’UE se dirige vers une pénurie de pétrole brut dans le pire des cas et dans le meilleur des cas une inflation terrible sur les prix du pétrole brut.

Pour en revenir cette fois au prochain embargo sur les produits pétroliers raffinés russes, c’est à dire le diesel, l’essence, etc, il faut savoir que l’UE a importé en 2022 prés de 220 millions de barils de diesel de la Russie. La Russie représentait 40% des importations totales de diesel au sein de l’UE. Pour palier à ce problème, l’UE s’est tournée vers les pays arabes, les Etats Unis (encore) et même la Chine !

Par exemple l’Allemagne a réussi a négocier avec l’Arabie Saoudite une importation de 250 000 barils de diesel par mois en plus, c’est à dire un peu moins de 10 000 barils de diesel par jour. (Source: https://www.aa.com.tr)

De même pour les Etats Unis qui ont livré 660 000 tonnes de diesel en décembre 2022 à l’UE ce qui représente 4,5 millions de barils de diesel. (Source: https://www.argusmedia.com).

On peut donc constater que même si les pays comme les Etats Unis et les pays arabes augmentent leurs exportations de diesel vers l’UE, cela ne suffit pas à combler les 220 millions de barils de diesel de la Russie. Au mieux, il semblerait que l’UE puisse trouver des alternatives pour la moitié du Diesel russe manquant mais pour le reste, il ne semble pas y avoir de solutions immédiates.

Pourtant l’embargo sur les produits pétroliers raffinés russes a lieu dans 2 semaines.

En plus d’une pénurie de pétrole brut, il y a donc de fortes chances pour que l’UE subisse une pénurie de Diesel mais aussi d’autres produits pétroliers comme le mazout ou l’essence. Ce qui viendra encore plus déstabiliser le marché du pétrole européen déjà à la peine avec les conséquences du premier embargo sur le pétrole russe brut.

Source: https://www.bloomberg.com/europe

Conclusion:

L’UE semble donc de plus en plus se diriger vers le scénario du choc pétrolier, car même si des mesures permettant de trouver d’autres partenariats énergétiques ont été mise en avant et sont en cours de recherche, l’UE était bien trop dépendante de la Russie sur le plan énergétique (45% pour le gaz naturel et prés de 30% pour le pétrole russe, tous produits confondus).

C’est donc un suicide économique organisé que l’UE s’inflige dans un effort de guerre idéologique.

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par Anders Noren.

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