95%, c’est l’inflation qu’a connu l’un des pays d’Amérique du Sud réputé comme étant l’un des plus solides sur le plan économique dans cette zone du monde.
Pourtant, depuis la crise du Covid, la situation économique qui était déjà fragilisée par de précédentes crises a basculé dans le gouffre.
Un pays secoué par les crises successives
Cela faisait 32 ans que l’Argentine n’avait pas atteint de tels records d’inflation. Les prix de l’alimentaire dans les supermarchés ont au minimum triplé.
Pourtant le paradoxe est qu’en parallèle, l’économie de l’Argentine est en croissance de prés de 5% au niveau de son activité économique. Pour comprendre ce phénomène, il faut remonter à 1991, au moment ou l’Argentine connaissait un taux d’inflation supérieur à 100%. Source: https://www.citeco.fr
Pour contrer cette inflation, le gouvernement argentin de l’époque avait décidé d’ancrer le pesos au dollar tout en faisant passer une loi interdisant l’utilisation abusive de la planche à billet, c’est à dire de la création de monnaie décorrélée avec celle de la richesse réelle du pays. Il faut donc comprendre que l’inflation avant 1991 en Argentine a donc été causée en partie par l’injection massive d’argent afin de financer le déficit public du gouvernement.
Les résultats, après cette mesure sont spectaculaires. En 1992, l’inflation repasse sous la barre des 10% et le PIB de l’Argentine explose littéralement au dessus des 10%, c’est ainsi que de 1992 à 2000, l’Argentine devient un eldorado pour les entreprises du top 100 mondial. Source: https://www.imf.org
Ainsi, les taux d’intérêts de la banque centrale d’Argentine chutent et les Argentins peuvent emprunter et investir en masse dans l’économie favorisant encore plus la croissance.
C’est pourtant le dollar qui a sauvé l’Argentine qui va aussi la mettre à terre. En 1998, l’augmentation de la valeur du dollar par rapport au pesos va créer des dégâts pire encore que la crise économique initiale. La valeur du pesos s’effondre tout comme la confiance des investisseurs étrangers qui vont fuir l’Argentine. C’est l’engrenage, à tel point que le pays passe en défaut de paiement en 2001 et que le gouvernement argentin décide de dévaluer officiellement, en 2002, son pesos de 28% par rapport au dollar. Les citoyens voient en l’espace d’une seule journée 28% de leurs capitaux partir en fumée. Les entreprises qui étaient restées décident finalement de fuir le pays et en 2002, le PIB de l’Argentine avait déjà chuté de 11%.
Des défauts de paiements, l’Argentine en a connu presque une dizaine au cours de son histoire moderne. Le taux de pauvreté en Argentine est de plus de 35% et le gouvernement Argentin souffre au niveau des importations au fur et à mesure de la dévalorisation de la monnaie officielle. Source: https://www.pourleco.com.
En parallèle, cette dévaluation a néanmoins arrangé le gouvernement sur ses exportations qui sont devenues plus compétitives notamment grâce aux ventes de pétrole, soja et céréales.
Grâce aux exportations, l’Argentine va limiter la casse et même reprendre du poil de la bête jusqu’en 2014, ou l’Argentine va faire de nouveau un défaut de paiement mais beaucoup moins sévère que celui de 2001. Sans être en faillite cette fois, l’économie de l’Argentine plonge néanmoins encore plus dans la récession et l’inflation. Source: https://www.lefigaro.fr.
A cette crise économique de fond, s’ajoute un accroissement constant de la dette public ainsi que le coronavirus et la guerre Russie Ukraine plus tard en 2022.
Résultat, plus de 30 ans plus tard, l’Argentine revient presque à la case départ avec 95% d’inflation et doit négocier avec le FMI pour repousser l’échéance du remboursement de sa dette afin d’éviter une nouvelle faillite. Source: https://www.lemonde.fr.
Au tour de l’Europe et de la France ?
Avec la pénurie de gaz naturel et donc d’électricité, les factures ont flambé pour les entreprises qui se retrouvent en difficulté en France.
De nombreuses entreprises consommatrices d’électricité prévoient de faire faillite en 2023 (boulangers, restaurateurs, etc…). Ainsi, en plus de la récession économique provoquée par la hausse des taux directeurs des banques centrales, il est probable qu’il y ait en plus une chute de la production industrielle à cause de la crise énergétique.
Si cette hypothèse se confirme cela engendrera automatiquement une chute du PIB et donc une explosion du poids de la dette française par rapport à son PIB.
Comme un malheur n’arrive jamais seul, la guerre Russie Ukraine a aussi provoqué une perte de confiance des investisseurs dans la zone euro. Les entreprises fuient ou prévoient de délocaliser hors Europe et emmènent avec elles leurs richesses vers d’autres terres, notamment les Etats Unis ou l’Asie.
Dans ce cas, il y aura une chute des investissements en zone euro et donc une chute de la valeur de l’euro à l’image exacte de la chute du pesos pour l’Argentine en 2002 qui a perdu 28% par rapport au dollar et qui a provoqué une explosion du poids de la dette public argentine par rapport à son PIB lui même en chute libre à cette époque.
Si l’euro chute de nouveau, après une baisse de déjà 20% par rapport au dollar en 2022 (Source: https://www.lepoint.fr), il y a fort à parier que cela engendrera une explosion de notre dette par rapport au PIB. Pour rappel, notre dette est de 3000 milliards d’euros environs. Pour comparaison, celle de l’Argentine est de 340 milliards d’euros environ. Le poids de notre dette par rapport à notre PIB est de 114% en France. La dette de l’Argentine représente en 2022 prés de 80% de leur PIB.
Pourtant, ils subissent l’une des pires crises économiques au monde avec 95% d’inflation alors qu’ils sont mieux lotis que nous au niveau de leur dette.
Conclusion
La crise énergétique, la guerre Russie Ukraine, la crise du covid et la crise de management des gouvernements européens sont en train d’amener l’Europe au devant de la pire crise économique de son histoire moderne.
Les investisseurs et entreprises étrangers fuient l’Europe en masse. Cela va provoquer une chute de l’euro en terme d’attraction et d’utilisation, ce qui provoquera une chute de la valeur de l’euro par rapport au dollar. Si en plus le dollar se renforce à travers l’expansion économique agressive (Made in USA et plan de relance de 1500 milliards de Joe Biden) des Etats Unis (Source: https://www.latribune.fr), cela pourrait engendrer un déséquilibre pour la France et l’Europe aussi fort que la parité pesos/dollar en 2002 en Argentine.
Si c’est le cas, alors l’Europe et la France subiront une récession économique jamais vue (source: https://atalayar.com) et une inflation galopante qui pourrait rejoindre des niveaux que connait l’Argentine ou les autres pays en crise économique comme la Turquie, le Liban ou le Venezuela qui subissent TOUS les foudres du dollar sur leurs monnaies officielles.
Car c’est bien la puissance du dollar américain qui affaiblit dans ces circonstances les économies des pays fragilisés.
En finalité, les importations deviendront très couteuses favorisant comme l’Argentine une inflation encore plus galopante. Reste à savoir si nos gouvernements sauront bien manier les exportations pour réussir à relancer l’économie, ce qui risque d’être compliqué si les entreprises sont en difficulté en raison de la crise énergétique et ne peuvent pas soutenir l’effort de production industriel. Source: https://www.insee.fr et https://www.latribune.fr
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