Depuis les embargos du 5 décembre 2022 et du 5 février 2023, les pays membres de l’UE ont l’interdiction d’importer du pétrole brut russe et des produits pétroliers raffinés russes (diesel, gazole, mazout, etc…).
Ces parts d’importations représentaient prés de 30% des importations totales de pétrole brut pour l’Union Européenne et 40% des importations totales de diesel par exemple au niveau des produits pétroliers raffinés.
En plus des ces interdictions d’importations, l’occident a également mis en place un plafond pour :
- Le pétrole brut russe à 60 dollars par baril. Source: https://www.bfmtv.com
- Les produits pétroliers raffinés russes à 100 dollars pour les produits chers comme le diesel et 45 dollars pour les produits pétroliers moins chers comme le naphta. Source: https://www.journalmarinemarchande.eu
Tout l’enjeu de ces plafonds est de gêner le commerce de pétrole russe sur l’ensemble du marché mondial. Car si les plafonds sont dépassés, les assurances européennes qui possèdent 90% du marché des assurances maritimes à l’échelle mondiale ont l’interdiction de vendre leurs services aux navires transportant du pétrole brut ou des produits pétroliers raffinés russes.
Le but de ces manœuvres est donc de forcer la Russie a plafonner les prix de son propre pétrole si elle ne veut pas voir toute sa marchandise bloquée dans les ports de la mer noire. De plus, l’Europe représentait environ 50% des exportations de pétrole de la Russie.
Des embargos qui tombent à l’eau
Cependant, les choses ne se sont pas passées comme prévues pour l’UE car la Russie a mis en place des contre mesures permettant de rediriger les anciennes routes commerciales maritimes destinées à l’UE vers ses nouveaux partenaires comme la Chine et l’Inde qui ont littéralement fait exploser leurs importations de pétrole russe.
Comme l’indique Bloomberg, l’Inde a multiplié par 33 ses importations de pétrole russe en l’espace d’une seule année. Source: https://www.bloomberg.com.
De même pour la Chine qui a augmenté ses importations de pétrole russe au point de mettre à disposition ses propres superpétroliers chinois couverts par des assurances chinoises pour transporter le pétrole russe sur les voies maritimes asiatiques. La Russie et la Chine souhaitent d’ailleurs étoffer cette flotte de superpétroliers déjà capables d’exporter à elle toute seule 10% des capacités d’exportations pétrolières de la Russie. Source: https://www.zonebourse.com. En effet, un seul superpétrolier chinois peut transporter jusqu’à 2 millions de barils de pétroles. A titre de comparaison, l’Europe importait encore 1,5 millions de barils de pétrole par jour de la part de la Russie en 2022.
Les liens économiques entre la Russie et la Chine se sont tellement renforcés que les 2 pays ont décidé de commercer leurs ressources énergétiques en yuan et en rouble. Source: https://www.rfi.fr.
Pour être précis, il faut savoir que l’UE représentait 50% des exportations de la Russie au niveau du pétrole brut et des produits pétroliers raffinés. Ce chiffre est passé à 35% en Novembre 2022 alors que les occidentaux préparaient déjà la mise en place du premier embargo sur le pétrole brut russe. Pourtant, durant ce même mois de Novembre, la Russie a augmenté ses exportations vers l’Asie de 165 000 barils de pétrole/j à 7,7 millions de barils de pétroles par jours. Ce qui, malgré la baisse des exportations vers l’UE a permis à la Russie d’augmenter ses revenus de 1,7 milliards de dollars. Ce qui prouve indubitablement que la Russie est en train de remplacer ses exportations vers l’Europe avec une facilité déconcertante. Source: https://www.latribune.fr.
Depuis, cette tendance ne fait que se confirmer, puisque la demande en pétrole va encore augmenter en 2023 pour l’Inde et la Chine alors que la production de pétrole est en diminution de 2 millions de barils/j selon les membres de l’OPEP. Source: https://www.letemps.ch et https://www.challenges.fr.
L’Inde et la Chine gonflent leurs importations de pétrole russe… Pour le refourguer ensuite à l’UE ?
C’est Bloomberg qui a mené l’enquête. Source: https://www.bloomberg.com.
Et selon le média, l’Inde joue un rôle capital dans ce phénomène, comme le montre le graphique ci dessous.

On peut donc constater que les exportations de pétrole augmentent considérablement de la part de l’Inde, surtout vers l’Europe mais également, et de façon plus surprenante vers les Etats Unis.
Ce qui est encore plus surprenant c’est que cela concerne des produits pétroliers raffinés qui ont nécessité du pétrole brut à la base pour leur fabrication. Et ce pétrole brut n’est autre que le pétrole brut russe que les occidentaux refusent d’acheter.
Ainsi, l’Europe et les Etats Unis achètent donc du pétrole russe à l’Inde bien plus cher. Car l’Inde achète le pétrole russe à des prix défiant tout concurrence (autour des 45 dollars Oural avec les prix discount). L’Inde raffine ensuite le pétrole brut russe pour le revendre bien plus cher à l’Europe et aux Etats Unis.
Même constat pour la Chine.
Conclusion:
La boucle est bouclée et l’ironie du sort est donc sans équivalence, car tandis que l’Europe s’enfonce de plus en plus dans la crise énergétique avec la pénurie de gaz naturel et bientôt celle liée à un potentiel futur choc pétrolier localisé en Europe, la Russie elle, subit de moins en moins les conséquences de l’arrêt de ses exportations vers l’Europe au profit de ses autres partenaires stratégiques comme l’Inde et la Chine.
Malgré sa guerre avec l’Ukraine, il est donc évident que sur le long terme, la Russie s’en sortira mieux que l’Europe sur le plan économique.
Car si l’on parle souvent de l’Inde et de la Chine qui supportent sans équivoque la Russie, il faut également prendre en compte les autres pays membres du BRICS comme le Brésil et l’Afrique du Sud qui eux aussi on annoncé tout leur soutient économique à la Russie en évoquant une augmentation des importations de produits russes. Source: https://www.zonebourse.com et https://french.news.cn.
La seule bonne nouvelle pour l’Europe est que si l’Inde et la Chine lui revendent le pétrole russe, alors il n’y aura peut être pas de pénurie de pétrole, “seulement” une augmentation des prix à la pompe.
Laisser un commentaire