Avec la hausse des taux, attention à vos assurances vie !

La crise bancaire fait toujours rage aux Etats Unis.

Après les faillites ou rachats des banques américaines SVB, Silvergate et Signature en début d’année 2023, une pause a suivi dans la chute des banques grâce aux centaines de milliards de dollars injectés sur le marché bancaire par la FED et le gouvernement de Biden.

Mais après quelques mois d’accalmie, voilà que la crise bancaire reprend de plus belle.

En une seule semaine, ce sont 2 banques qui ont fait faillite au mois de juillet 2023 aux Etats Unis :

Et ce n’est pas fini puisque l’ensemble des banques régionales américaines reste très fragilisé autant sur le plan des liquidités que celui de la confiance. Source: https://www.letemps.ch

Les banques centrales rajoutent de l’huile sur le feu sur la crise des banques

Cette semaine, la FED tout comme la BCE, ont annoncé une nouvelle hausse de leurs taux directeurs de 25 points, c’est à dire 0,25%. Les taux sont désormais à des niveaux records jamais atteints depuis plus de 20 ans. Source: https://www.france24.com et https://www.vie-publique.fr

Or, la première cause de la chute des banques américaines est la hausse des taux directeurs des banques centrales.

Car avant tout, il faut savoir que les banques ont l’habitude d’acheter des titres adossés à des créances hypothécaires et des bons du Trésor aux Etats Unis, c’est à dire des obligations.

Les titres adossés à des créances hypothécaires sont des obligations constituées de prêts immobiliers achetés aux banques. Source: https://www.investirsorcier.com. La banque devient, par ce biais, un intermédiaire entre l’acheteur immobilier et la finance d’investissement. La banque peut dés lors revendre ce prêt hypothécaire et récupère avant même le remboursement du prêt par l’acheteur immobilier un montant global du prêt mais décoté par rapport à la valeur du prêt initial. De plus, cela permet de sécuriser la banque puisque si l’acheteur fait un défaut de paiement, la banque ne sera pas en danger.

Les bons du Trésor sont des titres d’emprunt émis par les Etats. Si vous achetez un bon du Trésor vous devenez donc créancier de l’Etat qui doit vous rembourser à titre mensuel comme n’importe quel crédit. L’Etat a donc une dette envers vous.

Or, ce sont précisément ce genre de pratiques qui ont provoqué, en partie, la chute de la Silicon Valley Bank et des autres banques, puisque celles ci ont acheté des titres adossés à des créances hypothécaires ainsi que des bons du Trésor américain avant la hausse des taux directeurs de la Réserve Fédérale Américaine. Ces titres ont donc vu leurs prix baisser au fur et à mesure que les taux d’emprunts ont augmenté, car les nouvelles obligations étant plus avantageuses pour les investisseurs, les anciennes obligations sont vendues en vitesse ou délaissées et leurs prix baissent par la mécanique de l’offre et de la demande sur les marchés. Source: https://www.amf-france.org

Avec la hausse massive des taux directeurs, les banques se retrouvent en 2023 avec des titres et des obligations dont les valeurs ont chuté et qui engendrent des pertes non enregistrées car ce sont des titres non vendus et non imputables au résultat net pour le moment, sauf exception.

Et c’est précisément cette exception qui concernait la Silicon Valley Bank par exemple. Comme décrit plus tôt, les banques dont les titres ont baissé sont censées attendre que les taux directeurs baissent et que les prix remontent de nouveau pour vendre leurs titres. Cependant, en cas de difficultés, il arrive qu’une banque soit contrainte, par le Trésor américain, de vendre ses titres malgré les pertes que cela engendrerait.

C’est exactement ce qui s’est passé pour la SVB.

Car, la deuxième cause de la chute de la SVB est la fuite des dépôts de la part de ses clients, obligeant la banque à trouver des liquidités par tous les moyens. Elle n’a eu d’autres choix que de vendre ses titres à pertes au point qu’au premier trimestre de 2023, elle s’est retrouvée avec 1,8 milliards de dollars de pertes après impôts. Source: https://www.morningstar.fr

Cette fuite massive des clients est en lien avec le secteur des technologies qui subit les multiples crises depuis 2022. Source: https://www.lesechos.fr

Mis à mal par la hausse des taux directeurs et par la baisse des dépôts de ses clients, la SVB a annoncé ce bilan catastrophique du premier trimestre 2023 qui a enfoncé le clou et provoqué la panique chez les clients et investisseurs de la SVB.

A cela s’ajoute une mauvaise gestion des risques comme le montre le tableau ci dessous :

Par la suite, la chute de la Silicon Valley Bank, une des premières banques à faire faillite, a engendré un mouvement de panique aux Etats Unis. Les clients ont retiré massivement leurs fonds des banques régionales pour les placer dans des banques plus conséquentes du type JP Morgan ou Bank of America.

La crise d’abord localisée sur quelques banques s’est propagée à toutes les banques régionales américaines qui, en plus des difficultés liées à la hausse des taux directeurs sont désormais confrontées au problème de la confiance et des retraits massifs des liquidités.

Cette crise s’est étendue jusqu’en Europe avec le rachat du Crédit Suisse par UBS. De plus, les banques situées dans les pays ayant adoptés les crédits à taux variables (R.U, Grèce, Espagne, Portugal, Italie, Suède, etc…) font face de plus en plus au risque de non remboursement des fonds prêtés à leurs clients. Car un crédit à taux variables est lié à la valeur des taux directeurs des banques centrales. Si les taux montent, alors la valeur des crédits montent et un ménage qui a adopté un crédit à taux variable subira une hausse de ses mensualités. La moitié de l’Europe est concernée par ce phénomène dangereux dans une période économique déjà compliquée en raison de l’inflation.

Or, si les clients des banques n’arrivent plus à payer les mensualités, les banques s’effondrent, font faillite et risquent d’entraîner les autres banques plus saines.

La crise bancaire en Europe n’est pour l’instant que très peu visible mais est bien réel tant que la BCE continuera d’augmenter ses taux directeurs. Jusqu’au moment ou la corde de l’arc rompra et que les ménages ne rembourseront plus leurs crédits en masse. Source: https://www.lemonde.fr

Les assurances vie en danger ?

Voici le principe des assurances vie :

Les assurances vie, car il y en a plusieurs, garantissent le versement d’un capital ou d’une rente au souscripteur ou au bénéficiaire désigné dans le contrat. Source: https://www.economie.gouv.fr/cedef/assurance-vie

Les épargnants qui ont des contrats d’assurance vie basés sur les placements financiers doivent savoir que leurs assurances vie sont étroitement liées à l’état du marché financier car les compagnies d’assurance investissent généralement beaucoup dans les obligations pour faire fructifier leurs capitaux.

Or, comme vous l’avez compris, les obligations sont justement les premières à subir les foudres de la hausse des taux directeurs en ce moment.

Comme dit précédemment, lorsque les taux directeurs montent, la valeur des obligations baisse tout comme la valeur globale du portefeuille d’obligations des banques mais aussi des compagnies d’assurance.

C’est ce qui est arrivé cette année à la compagnie d’assurance Eurovita l’un des 20 premiers assureurs en Italie. Source: https://www.lesechos.fr

Eurovita a vu son portefeuille d’anciennes obligations dévisser au point que l’entreprise a été mise en redressement judiciaire par les autorités italiennes. La procédure a provoqué le gel de 15 milliards d’euros et l’affolement chez ses 350 000 clients avant d’être finalement solutionnée grâce à la mobilisation de plusieurs banques et assureurs italiens. Source: https://www.lesechos.fr

Conclusion:

Pour le moment, tout va bien pour le secteur des assurances vie en Europe car les citoyens font confiance aux assureurs, ce qui leur évite une crise de liquidités à l’instar des banques régionales américaines. Cependant, attention à la hausse des taux directeurs qui pourront avoir des conséquences désastreuses sur ce marché pesant plusieurs centaines de milliards d’euros et indispensables désormais à l’écosystème des marchés financiers.

Car si les assureurs font faillite, ils risqueraient d’entraîner tout le marché des assurances vie avec eux.

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par Anders Noren.

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