Le point sur l’industrie française sous Emmanuel Macron

Depuis l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, la désindustrialisation de la France qui était évidente a en réalité stagnée dans le cas présent. En clair, les chiffres que l’on nous a vendu sur la réindustrialisation de la France sont en trompe l’œil et bien loin d’être satisfaisants contrairement à ce que déclare Bruno Lemaire.


L’industrie est un enjeu capital pour une nation puisqu’elle permet la production de richesse mais aussi de produits indispensables à la sauvegarde du pays en cas d’arrêt de la mondialisation comme ce fut le cas lors des confinements à répétition pendant la crise Covid.

De plus, un pays qui n’a pas d’industries et qui ne produit pas est non seulement dépendant des autres pays pour le commerce mais est également systématiquement pénalisé lors d’une crise économique et inflationniste sur son sol. Car la chute de la valeur des monnaies fiats provoque une augmentation de la valeur des importations.

Un pays qui possède une industrie solide peut donc garantir son indépendance commerciale, politique et économique tout en assurant une exportation saine en cas de crise inflationniste ou économique sur son sol grâce aux produits issus de son industrie.

Enfin, l’industrie, par sa production de richesse, permet à un pays de supporter le poids de sa dette. Plus un pays produit de richesse et mieux sera sa capacité à supporter sa dette.

Industrialisation ou désindustrialisation de la France depuis 2014 ?

Faisons le point sur les ventes des fleurons français.

Alstom (branche énergie) : en 2014, c’est l’américain General Electric qui met la main sur le fleuron français Alstom et sa branche énergie. Et c’est cette affaire qui va donner le tempo à la carrière d’Emmanuel Macron, d’abord comme Ministre de l’économie puis comme Président de la République dans la désindustrialisation prononcée de la France. Cette affaire a fait beaucoup de bruit. Et pour cause, outre le fait que la France s’est séparée de son fleuron industriel pour 13 milliards d’euros, de nombreuses affaires de corruption planent sur la transaction qui pourraient impliquer Emmanuel Macron lui même ainsi que de nombreux donateurs de sa campagne présidentielle. Source: https://www.lefigaro.fr

Fait étonnant, Arnaud Montebourg, le prédécesseur d’Emmanuel Macron en tant que Ministre de l’économie sous Hollande dénonçait cette vente comme étant une grave erreur et tentait de la faire annuler. Il a été remplacé par Emmanuel Macron qui a immédiatement autorisé la transaction lors de sa prise de fonction. C’est pourquoi, Emmanuel Macron est soupçonné par Arnaud Montebourg d’être impliqué dans un pacte de corruption sur fond de guerre commerciale avec les Etats Unis.

Alcatel : en 2015, c’est Emmanuel Macron en personne, ministre de l’économie à l’époque qui autorise le rachat du fleuron français Alcatel par le géant finlandais Nokia. 6000 emplois en France sont concernés. Source: https://www.nouvelobs.com

Alstom (branche ferroviaire) : en 2017, c’est le fleuron français Alstom, constructeur du TGV qui est vendu à Siemens une entreprise allemande avant que la décision soit cassée par la cour européenne. La France échappe de peu à la perte de son TGV. Alstom avait été fondé en 1928. 38 000 employés étaient concernés. Source: https://www.europe1.fr

STX : en 2017, les chantiers navals STX sont vendus à l’italien Fincantieri. Source: https://www.lepoint.fr

Ascoval et Hayange : L’aciérie et l’usine de fabrication de rails ont tous deux été vendus à Liberty Steel, entreprise britannique, en 2020. Source: https://www.lepoint.fr

D’autres entreprises, comme l’aéroport de Toulouse a été vendu en partie (49%) à une société chinoise qui a revendu l’aéroport à Eiffage avec une plus value de 200 millions de dollars en 2019. Source: https://www.lemonde.fr

Voilà à quoi ressemble le business d’achat et vente des fleurons de l’industrie française.

Il ne semble pas y avoir de pare feu, empêchant les industries de tomber entre les mains des puissances étrangères. C’est pourtant le BA BA dans n’importe quelle guerre économique.

Cependant, le point positif de l’industrie sous Macron est que le nombre d’ouvertures d’usines a tendance à augmenter comparé au nombre de fermeture d’usines.

Depuis 2009, le cumul des pertes d’usines en France se porte à -343. En 2015, ce cumul se portait à -610. Source: https://www.latribune.fr.

A première vue, on pourrait donc se dire qu’il y a bien une réindustrialisation de la France sous Emmanuel Macron. C’est faux et voici pourquoi :

  • L’augmentation du nombre d’usines ouvertes est totalement dérisoire au vu de la désindustrialisation passée comme le montre le graphique ci dessous de l’évolution du nombre d’emplois en lien avec l’industrie depuis 1970.

  • De plus, selon l’AFP, la France a déjà raté le virage de l’industrialisation au niveau de la transition énergétique (batteries et voitures électriques).
  • La stagnation de la désindustrialisation serait du en partie à la politique d’Arnaud Montebourg, le ministre de l’économie sous François Hollande qui avait relancé le Made in France.
  • Les usines crées sont pour beaucoup des élargissements de sites ou des start up ce qui ne pèse pas beaucoup, ni dans la création d’emplois, ni dans la part de l’industrie dans le PIB de la France.
  • La crise énergétique, car la décision de la France de se passer de la Russie a déjà et aura forcément des conséquences sur les industries françaises. Surtout depuis les annonces de retrait du bouclier tarifaire de la part du gouvernement.
  • Enfin, cette “réindustrialisation” mise en avant par Emmanuel Macron n’arrive pas à relancer la part de l’industrie dans le PIB de la France. Cette part de l’industrie qui est en chute libre depuis 1950 a continué à l’être durant l’ère Macron.

Les chiffres sont implacables

La part de richesse de l’industrie en France était de seulement 17% en 2021. A titre de comparaison, à la même année les allemands étaient à 27% et les italiens à 23% comme le montre le graphique de statista.

Selon Statista, la France est sous la moyenne européenne, au point d’être l’un des pays les plus désindustrialisés d’Europe avec la Grèce.

Sauf que la Grèce a une dette de 355 milliards d’euros en 2023 (Source: https://fr.countryeconomy.com), contre 3000 milliards pour la France à la même année. Source: https://fr.countryeconomy.com. C’est donc logique que la Grèce ne soit pas un pays industriel, pas pour la France.


Pire encore, cette tendance à la désindustrialisation est à la hausse puisque dans les années 80, la part de l’industrie dans le PIB était de 23% et même de plus de 30% dans les années 50. En 2023, avec la crise Covid et la crise énergétique, la part de l’industrie dans le PIB de la France a encore continué à chuter au point de se rapprocher des 13%. Source: https://www.boursorama.com

Dans ce cas, comme la France est l’avant dernier pays d’Europe dans la fabrication et la production d’objets, il n’est pas étonnant d’observer qu’elle est également l’un des pays ayant le pire déficit commercial d’Europe désormais. Source: https://www.latribune.fr

Conclusion :

La France, qui est l’un des pays les plus désindustrialisés d’Europe ne peut donc pas se permettre de vendre les quelques fleurons qui assurent les quelques points du PIB dans la part de son industrie. Et pourtant, depuis les années 2000, nos gouvernements successifs n’ont pas arrêtés de vendre à tout-va nos industries et donc notre savoir faire, savoir vivre et savoir être en lien avec le monde du travail français.

Aujourd’hui, alors que la France est l’un des pays européens les plus endettés comme le montre la carte ci dessous, elle aurait plus que jamais besoin d’augmenter son PIB pour pouvoir réduire le poids de sa dette qui représentera l’ultime crise à la fin.

A cela, s’ajoute la nécessité de redresser la balance commerciale de la France. Augmenter l’industrie permettrait donc de faire diminuer le poids de nos dettes, rééquilibrerait notre balance commerciale grâce à l’augmentation des exportations et participerait à la lutte contre l’inflation car la France aurait moins à importer de l’étranger.

Sans parler de la souveraineté nationale et de la relance des emplois comme la si tristement démontré la crise du Covid. La France faisait partie des pays qui ont du mendier des masques et des médicaments par manque de fabricants sur son sol. Source: https://www.ouest-france.fr


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par Anders Noren.

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