Le point sur l’économie russe en 2023 !

Ou en est la Russie ?

Après presque 2 ans de guerre et des sanctions par dizaines, la Russie est-elle sur le point de s’effondrer comme nous l’ont maintes fois promis les dirigeants de l’Occident ?

C’est ce que nous allons voir dans cet article.

L’impact des sanctions vu du côté de la Commission Européenne

Source: https://www.consilium.europa.eu

Selon la Commission Européenne, les sanctions sont efficaces contre la Russie puisque celle ci a encaissée une chute de son PIB de 2,1% en 2022 et prévoit dans le pire des scénarios une chute de 2,5% en 2023 en se basant sur les prévisions de l’OCDE. (voir graphique ci dessous).


De même que pour le PIB, la Commission Européenne table sur une chute des recettes au niveau du pétrole de la part de la Russie dans le cadre des sanctions mises en place sur les hydrocarbures russes. Pour cela, ils se basent sur les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie.


Et indique également que 300 milliards d’euros de réserves de la banque centrale de Russie ont été gelé.

Si l’on se tient aux propos de la Commission Européenne, les sanctions sont donc très efficaces contre la Russie qui devrait normalement souffrir sur le plan économique au point de passer, dans le pire des cas, en récession à cause de la chute en continue de son PIB (suivant les chiffres de l’OCDE).

La réalité

Au niveau de son PIB, les derniers chiffres sont tombés pour le PIB de la Russie.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les analystes du FMI et de l’OCDE se sont lourdement trompés puisque la Russie a établi une augmentation de son PIB de 5,5% sur 1 an au troisième trimestre de 2023. Source: https://www.lefigaro.fr

Ces chiffres sont donnés par l’agence Rosstat, c’est à dire une agence de statistique russe, il faut donc rester prudent sur la crédibilité des chiffres. Mais cette affirmation est également constaté par certaines organisations occidentales et notamment la Banque Européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) qui tablait en septembre 2023 sur une croissance du PIB russe de +1,5% au lieu de 3%. Source: https://www.capital.fr

Dans tous les cas, nous sommes donc loin des chiffres montrés par la Commission Européenne.

Ainsi, le PIB de la Russie au lieu d’atteindre les -4,6% estimés dans le pire des scénarios par l’OCDE entre 2021 et 2023 va finalement dépasser les +1,5% ou les +3% au point de dépasser son ancien pic de 2021. La Russie, contrairement à l’Europe devrait donc sortir de la récession alors qu’elle est en guerre.

De même sur les hydrocarbures, la Commission Européennes indique que les recettes sur les hydrocarbures sont en baisse pour la Russie entre 2022 et 2023. Ce n’est pourtant pas ce qu’indique de nombreuses sources. https://www.lopinion.fr et https://www.capital.fr et https://www.latribune.fr.

Pire encore, le journal Le Monde va jusqu’à indiquer que l’Union Européenne continue d’acheter du gaz russe en 2023 mais par voie maritime puisque les gazoducs reliant la Russie à l’UE ont été partiellement fermés. Ainsi, l’UE achète du GNL russe qui est forcément plus cher car plus compliqué à transporter que le gaz transporté par gazoducs. Source: https://www.lemonde.fr

De toute évidence, d’un point de vue de l’économie générale, le bras de fer économique entre l’Europe et la Russie s’est soldé par une victoire de la Russie.

Du côté des points négatifs, l’économie russe subit aussi des revers.

Il est à noter que si le PIB de la Russie augmente c’est aussi le cas de l’inflation russe qui est estimée à prés de 7% en octobre 2023 par l’agence Rosstat, malgré la hausse des taux directeurs de la banque centrale russe. Sur le plan de l’inflation, les russes connaissent donc le même sort que celui de l’Europe et sont même bien plus impactés avec une hausse de l’inflation qui est sur une voie ascendante. Source: https://www.rtbf.be

Sur le plan prévisionnel, les russes s’attendent à une explosion de l’inflation pour 2024 en raison de l’augmentation du budget militaire de prés de 70% l’année prochaine. Les dépenses militaires vont atteindre 6% du PIB total de la Russie. En clair, la guerre, bien plus que les sanctions occidentales commence à peser sur l’économie russe mais surtout sur le pouvoir d’achat des citoyens russes.

Du côté du rouble, les choses ne vont pas mieux puisque la monnaie fiat de la Russie est en berne par rapport au dollar comme le montre la courbe ci dessous :


Le cours du rouble s’était totalement effondré en 2022 lors de l’invasion de la Russie contre l’Ukraine et lors des sanctions bancaires prises à l’encontre de la Russie par l’occident avant de remonter de façon spectaculaire quelques mois après.

Mais en 2023, force est de constater que le rouble est en grande difficulté par rapport au dollar et ce de façon continue. C’est précisément cette chute de la valeur du rouble qui provoque en partie l’explosion de l’inflation russe. Car les importations russes qui ont augmenté en raison des sanctions européennes sont désormais de plus en plus chères pour la Russie.

Concernant la dette, la guerre impacte aussi la Russie puisque le pays va passer d’un déficit public de 2,2% en 2022 à 6,2% en 2023 selon les prévisions du Fond Monétaire International (FMI). Source: https://www.latribune.fr


Par rapport au PIB, la dette de la Russie est estimée à prés de 20% en 2023 contre 18% en 2022. Source: https://www.coface.fr

Mais ce ratio de dette est bien loin de celui de la France qui est estimé à 111% en 2023 par exemple.

CONCLUSION :

Il est évident que la Russie, malgré la guerre et les sanctions, résiste très bien d’un point de vue économique pour le moment et que l’on est très loin d’une chute soudaine de l’économie russe annoncée par les dirigeants politiques de l’UE et de la France. Source: https://www.lemonde.fr et https://www.publicsenat.fr.

Cependant, il est vrai que l’économie russe souffre sur le plan de l’inflation, de la dette mais aussi de la valeur du rouble.

Cela au même titre que l’Europe dans son ensemble.

Les sanctions économiques n’ont donc absolument pas eu l’effet escompté contre la Russie, pire encore, c’est les citoyens européens qui en ont fait les frais de façon peut être plus violente encore que les citoyens russes puisque l’inflation en zone euro a atteint des niveaux jamais vus et ce n’est pas fini avec les futures augmentations des prix de l’électricité en 2024 (du moins pour la France avec la fin du bouclier tarifaire). Depuis quelques mois, l’Europe a également vu son euro chuter de presque 3% par rapport au dollar alors qu’il avait déjà subi une grosse chute en 2022.

Dans le meilleur des cas, les sanctions européennes ont fait autant de dégâts à la Russie qu’à l’Union Européenne. Dans le pire des cas, elles ont fait plus de dégâts à l’UE qu’à la Russie. Tout cela à un niveau court terme.

Sur le long terme, nous verrons à l’avenir ce qu’il en sera. Mais une chose est sure, c’est que la Russie possède un avantage majeur par rapport à l’UE : les ressources énergétiques à volonté que l’UE n’aura jamais et que celle ci devra désormais payer au prix fort.

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par Anders Noren.

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